Le temps de Noël nous permet de creuser le mystère de notre foi en l’incarnation du Christ. Dans cet article, nous nous intéressons aux questions suivantes : Qu’est-ce que l’incarnation ? Comment comprendre l’incarnation dans la personne de l’enfant Jésus ? Quelle est la position des Églises orthodoxes et protestantes sur l’affirmation de l’incarnation de la deuxième personne de la sainte trinité ?
Il existe des mystères auxquels nous croyons. Ceux-ci sont des vérités révélées dont nous n’avons pas la pleine connaissance et auxquelles nous croyons car Dieu qui les a révélés ne peut ni se tromper ni nous tromper. Au nombre de ses mystères se trouve l’incarnation que nous chantons dans notre confession de foi en disant « et incarnatus est » (et [il] s’est fait homme). Le temps de Noël nous permet de le découvrir un peu plus en profondeur.
Qu’est-ce que l’incarnation ?
L’incarnation, au mot à mot, signifie « entrer dans la chair », « prendre chair », « se faire chair ». Le mystère de l’incarnation est le dogme qui affirme qu’en Jésus-Christ, la deuxième personne de la trinité, qui est le « Verbe divin » est devenu homme. Une personne divine que nul œil ne peut voir, qui n’est que pur esprit, a pris la chair de l’homme et reconnu désormais homme à son aspect.
Le support biblique de cette vérité de foi est le prologue de l’évangile de saint Jean. Dans le premier chapitre du quatrième évangile, l’écrivain sacré écrit en effet : « Au commencement, était la Verbe ; et le Verbe était auprès de Dieu ; et le verbe était Dieu » (Jn 1,1). Ici est affirmée sans ambages la divinité du Verbe : « Le Verbe est Dieu ». Jésus est donc Dieu.
Un peu plus loin, dans le même chapitre, le même évangéliste va faire une affirmation extraordinaire. Il dira : « Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous » (Jn 1, 14). Par cette révélation, l’évangéliste nous fait comprendre que le Verbe, le pur esprit, est devenu homme et a vécu parmi les hommes. Ces deux versets justifient le fondement de la foi des chrétiens en l’incarnation du Fils de Dieu.
L’enfant Jésus est Dieu incarné
On comprend alors pourquoi, au jour de Noël, l’Église nous fait écouter le long prologue de saint Jean. Après l’euphorie de l’événement la nuit de la naissance, nous essayons, le jour de la fête de Noël, de comprendre le mystère qui se révèle à nos intelligences. À y voir de près, Jésus que nous célébrons à Noël est le Dieu invisible devenu visible, le Dieu-Verbe devenu le Dieu-homme. En célébrant la Noël, nous célébrons le mystère de l’incarnation. Autrement dit, Dieu éternel devient temporel en Jésus (il est né au temps de l’empereur César Auguste, au moment où Quirinus était gouverneur de Syrie) sans cesser d’être éternel ; Dieu hors de l’espace devient identifiable dans l’espace à travers la personne de Jésus (il est né à Bethléem, dans la ville de David).
En conséquence, il faut l’affirmer tout de suite, pour pas laisser subsister le doute : Jésus qui naît aujourd’hui n’est pas que Dieu, pas plus qu’il n’est pas qu’homme : il est à la fois homme et Dieu, inséparablement. Pour dire autrement, dans l’unique personne du Christ, se trouvent désormais deux natures, celle humaine et celle divine. Ces deux natures sont également présentes en sorte que l’une n’est pas amoindrie au détriment de l’autre : il n’y a pas plus de Dieu en Jésus que d’homme, comme si l’humanité était un goutte d’eau dans l’océan de sa divinité. De la même manière, l’humanité du Christ n’éclipse pas sa divinité, comme si en se faisant homme, il n’était plus Dieu.
En cet enfant couché dans la mangeoire, il faut reconnaître le mystère de deux natures intimement unies en opération, deux volontés (humaine et divine) en action, deux intelligences, tout en deux, mais tous deux unis sans séparation et sans qu’il y ait la moindre confusion. C’est cela le mystère.
L’incarnation chez les protestants et les orthodoxes
Les orthodoxes et les protestants affirment, comme les catholiques, le mystère de l’incarnation. Pour les premiers, en devenant homme, le Christ est totalement homme, sans faire semblant d’être homme, et il reste totalement Dieu, sans qu’aucune parcelle de sa divinité ne soit altérée. D’ailleurs, il suffit de voir le symbole de la foi orthodoxe pour s’en convaincre :
Un seul Seigneur, Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles. Lumière de lumières, Vrai Dieu de Vrai Dieu, engendré non créé, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait. Qui pour nous, hommes, et pour notre salut, est descendu des cieux, s’est incarné du Saint-Esprit et de la Vierge Marie, et s’est fait hommes.
C’est à peu de mots près le contenu exact de la foi catholique qui dit : « Pour nous les hommes et pour notre salut, il descendit du ciel. Par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme ».
De la même manière, les protestants, par leur fondateur Martin Luther, reconnaissent le mystère de l’incarnation. Il dit dans sa Confession d’Augsbourg : « Nous enseignons aussi que Dieu le Fils de Dieu est devenu homme, né de la pure Vierge Marie, et que les deux natures, la divine et l’humaine, unies inséparablement dans une personne unique, constituent un seul Christ, qui est vrai Dieu et vrai homme ».(article 3).
Les trois Églises-sœurs reconnaissent donc le mystère de l’incarnation. Dans son expression la plus réduite, l’incarnation est le fait que la deuxième personne de la trinité s’est fait entièrement homme tout en demeurant entièrement Dieu, en sorte qu’en sa personne subsistent deux natures distinctes, inséparables et sans confusion.
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