Noël, la fête de Jésus, Soleil des nations

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La crèche

Jésus est-il bien né un 25 décembre ?
Qu’en dit l’Écriture ?
Qu’en dit l’Église ?
Qu’en disent les historiens ?
Pourquoi avoir retenu cette date ?
Pourquoi la crèche et l’arbre de Noël ?
Essayons d’y voir plus clair…

Jésus est-il né un 25 décembre ?

Disons-le tout de suite : aucun document, aucun texte religieux ou profane n’établit quel jour exactement est né Jésus.

Disons-le tout de suite également, comme les catholiques, la majorité des Églises chrétiennes, orthodoxes et protestantes, ont retenu la date du 25 décembre pour se souvenir et fêter la naissance du Christ Jésus.

Les premiers chrétiens avaient le souci de célébrer avant tout l’anniversaire de la mort et de la résurrection du Seigneur : Pâques était alors la plus grande fête chrétienne ; elle l’est encore aujourd’hui.

Mais on sait par des écrits de Clément d’Alexandrie que, dès le 2e siècle, des chrétiens ont essayé de déterminer le jour de la naissance du Christ. Toutefois, les résultats de leurs calculs divergeaient : certains donnaient une date en mars, d’autre annonçaient avril voire mai. En fait, personne ne parvenait à un accord.

La Nativité du Seigneur fut d’abord célébrée avec son Épiphanie, le 6 janvier

En fait, aucun de ces calculs n’a été retenu lorsqu’il s’est agi de fixer la date de la Nativité.

La première date qui a été choisie par l’Église a été celle du 5-6 janvier. Ce jour-là, se trouvait une fête païenne : l’épiphanie de Dyonisos, le dieu grec des saisons et de la vigne. On croyait que ce dieu du Panthéon grec mourait avec la végétation pour ressusciter avec la lumière croissante qui procure la vie. Il renaissait avec le solstice d’hiver qu’on avait calculé être aux alentours du 5 janvier.

En effet, il faut se rappeler que lorsqu’on quitte l’équateur pour se déplacer vers un des pôles, la durée du jour change énormément avec les saisons. Dans l’hémisphère nord, en automne, les jours raccourcissent ; inversement, à partir du mois de janvier la lumière croît et les jours s’allongent jusqu’à la fin du mois de juin. Ainsi, par exemple, à Paris, au solstice d’hiver, le 21 décembre, le jour dure un peu plus de 8 heures alors qu’au solstice d’été, le 20 juin, le jour dure plus de 16 heures ; entre les deux solstices, il y a près du double de lumière ! À partir du solstice d’hiver, la durée de lumière augmente d’environ 2 à 3 minutes chaque jour.

Aussi, dès le 3e siècle, d’abord en Orient puis en Occident, la jeune Église a souhaité convertir la fête païenne de Dyonisos pour célébrer ce même jour à la fois :

  • la naissance de Jésus,
  • la visite des mages,
  • le baptême de Jésus
  • et le miracle des noces de Cana !

Si la fête de la naissance de Jésus a ensuite été séparée de celle de l’Épiphanie, il nous reste de ces trois significations primitives de l’Épiphanie la belle antienne des vêpres :

Nous célébrons trois mystères en ce jour : aujourd'hui l'étoile a conduit les mages vers la crèche ; aujourd'hui l'eau fut changée en vin aux noces de Cana ; aujourd'hui le Christ a été baptisée par Jean dans le Jourdain pour nous sauver, Alléluia.

Cette Épiphanie était une fête des lumières parce que la naissance du Christ est le jour qui a illuminé l’humanité selon le mot de Grégoire de Naziance (Orat. 39). « C’est aujourd’hui que s’est levé le soleil pour ne pas se coucher et l’univers est illuminé par la lumière du Seigneur ».

Une hymne de la liturgie grecque chante aussi la même idée « c’est aujourd’hui que tu t’es manifesté au monde et que ta lumière, Seigneur, s’est manifestée sur nous ; et, en toute connaissance, nous t’acclamons en chantant : tu es venu, tu es apparu, toi la lumière inaccessible ».

Noël est ensuite déplacé au 25 décembre

C’est au 4e siècle que l’Église romaine a fixé au 25 décembre la naissance du Seigneur en la dissociant de la fête de l’Épiphanie, célébrée le 6 janvier.

L’Église d’Orient suivra rapidement cet exemple.

Là encore, dans ce choix, il y a eu substitution d’une fête chrétienne à une fête païenne : la fête du Soleil, le « sol invictus » (le soleil invaincu), le dieu solaire qui triomphe chaque matin de la nuit. Ce dieu d’origine perse avait été romanisé par plusieurs empereurs et on fêtait traditionnellement sa naissance le 25 décembre, encore un jour qui pouvait convenir pour être le solstice d’hiver, ce moment à partir duquel les jours commencent à s’allonger et le soleil à briller avec plus d’éclat.

Aucun document n’existe pour nous donner avec précision la date exacte de la naissance de Jésus ; il n’y avait pas alors de registres d’état-civil. Aussi, l’Église avait toute latitude pour choisir une date à sa convenance et faire coïncider cet anniversaire avec la date du solstice d’hiver dans le calendrier romain, soit le 25 décembre, substituant ainsi définitivement au dieu Mithra la personne du Christ Jésus, celui qui avait été décrit par le prophète Malachie comme le « Soleil de Justice » (Mal 3, 20 ou 4, 2 selon les Bibles) et que le vieillard Siméon avait salué comme la « lumière pour éclairer les nations » (Lc 2, 32).

De nombreuses homélies et hymnes primitives emploient d’ailleurs des expressions qui véhiculent la même idée. Par exemple, le Christ est appelé « vrai soleil » par saint Cyprien († 258), saint Ambroise (†397) dit qu’il est le « soleil nouveau »… et on retrouve des expressions semblables en grand nombre chez saint Grégoire de Naziance († 389), saint Jean Chrysostome († 407), Zénon de Vérone († 371) et bien d’autres.

Saint Augustin († 430) fait allusion à l’origine païenne de la date de Noël quand il exhorte les chrétiens à ne pas célébrer cette fête comme les païens mais bien à se réjouir de la naissance de Celui qui a lui-même créé le soleil. De même, saint Léon le Grand († 461) condamne la croyance consistant à fêter Noël à cause de la naissance du soleil et non à cause de celle du Christ. Il y a donc bien substitution, remplacement d’une fête païenne par une fête chrétienne. Et le meilleur signe que cette substitution a parfaitement fonctionné, c’est qu’aujourd’hui plus personne ne célèbre plus aujourd’hui le dieu Mithra !

La première mention de la fête de la Nativité du Seigneur le 25 décembre se trouve dans un calendrier daté de 354 alors qu’elle a été fêtée au moins depuis l’année 336. Cette date du 25 décembre passa progressivement de Rome à toute la chrétienté avec plus ou moins de facilité. Seuls aujourd’hui les monophysites arméniens continuent de célébrer la Nativité du Seigneur le 6 janvier.

La grotte et la crèche

Les évangiles ne font aucune allusion à une grotte. Toutefois, Origène, en 248, écrit :

Le lieu de la naissance de Jésus
Basilique de la Nativité – Bethléem

À propos de la naissance de Jésus à Bethléem, si quelqu’un, après les prophéties de Michée, après l’histoire relatée dans les évangiles par les disciples de Jésus, en désire d’autres preuves, qu’il sache que, suivant ce qui est raconté dans les évangiles sur sa naissance, on montre à Bethléem la grotte dans laquelle il est né, dans cette grotte la crèche où il fut emmailloté. Et ce que l’on montre ainsi est très connu des parages, mieux de ceux qui sont étrangers à notre foi à savoir que le Jésus adoré et admiré des chrétiens est né dans cette grotte.

Avant tout, la « crèche » est le nom de la mangeoire qu’on trouve dans les étables, là où on met le foin et les aliments pour le bétail.

Les « crèches » de la Nativité, telles que nous les connaissons, remonteraient en 1283 quand saint François d’Assise organisa une scène vivante de la Nativité avant la célébration de la messe de minuit.

De vivantes, les crèches seront ensuite représentées au moyen de personnages sculptés ; des églises, les crèches passeront également dans les maisons. Elles seront alors très influencées par la culture populaire et bénéficieront parfois d’une réelle inculturation locale.

La constante est d’y retrouver, en laissant libre cours à son imagination et à son talent, les personnages que décrit saint Luc dans son évangile : bien sûr, à tout Seigneur, tout honneur, l’enfant Jésus, puis Marie et Joseph, les bergers et les moutons ainsi que les personnages évoqués par saint Mathieu seul : les mages que l’on imagine venus avec leurs montures chevaux ou chameaux. On a aussi ajouté aux crèches l’âne et le bœuf qui figurent dans des écrits apocryphes et souvent on surmonte le tout de l’étoile de Bethléem et des anges de l’annonce.

La crèche est donc essentiellement une représentation artistique de ce qu’a pu être la Nativité du Seigneur.

L’arbre de Noël

Même si l’arbre a une grande place dans la Bible (qu’on songe à l’arbre de la vie en Gn 3 mais aussi au figuier, au sycomore, au chêne, à l’olivier… jusqu’à l’arbre de la Croix), ce n’est qu’en 1521 qu’on installe dans les maisons alsaciennes (l’Alsace est une province située à l’est de la France actuelle, région frontalière avec l’Allemagne) un arbre décoré, considéré comme l’arbre du Christ. Un siècle plus tard, cet arbre sera illuminé avec des petites bougies, rappelant que Jésus est la lumière du monde, lumière qui est destinée à être apportée à tous les hommes. Cet arbre est souvent sommé d’une étoile, rappelant celle de Bethléem. La coutume de cet arbre de Noël va gagner toute l’Europe : la France à partir de 1738 (l’Alsace n’était alors pas française), l’Angleterre en 1841, la Russie en 1852… La coutume se répand particulièrement au milieu du 19e siècle.

L’arbre de Noël a souvent été décrié dans les milieux catholiques comme étant un symbole profane et païen, voire franc-maçon. La coutume d’ériger dans les maisons un arbre de Noël (souvent un sapin car c’est un arbre qui reste toujours vert, même en hiver) s’est particulièrement développée dans les pays de culture protestante : Allemagne, Scandinavie… où il était largement préféré à la crèche, jugée trop catholique. En revanche, les pays à majorité catholique (Espagne, Italie…) ont très longtemps ignoré l’arbre de Noël de même que les pays où le culte orthodoxe est dominant qui l’ignorent encore.

Puissions-nous reconnaître et accueillir le Sauveur dans les étables de nos existences, dans les crèches de nos cœurs. Très belle fête de la Nativité.

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Frère Hervé

Je suis un religieux ermite, consacré dans cette forme de vie par mon évêque. Je réside en France et suis passionné par la recherche de la Vérité dans l’Écriture sainte, dans la philosophie et la théologie.

Cet article a 12 commentaires

  1. HOUNSOU Lydia

    Waouh, merci beaucoup pour cet éclaircissement bien détaillé point par point.
    Chers administrateurs, je vous remercie du fond du fond du cœur pour ces enseignements qui chaque jour consolident ma foi chrétienne.
    Aide moi Seigneur à ouvrir mon cœur pour accueillir la venue du Sauveur.

  2. Ésaïe YAI

    Merci beaucoup pour l’éclairage. Que l’esprit Saint vous illumine d’avantage.

  3. Vignault

    Un bel enseignement complet, clair et concis. Merci frère Hervé pour votre désir de nous aider à “grandir” spirituellement. Que le Seigneur vous bénisse !

  4. BESSANH

    Merci pour l’éclaircissement cher père

  5. Mathieu GNANWE

    Merci frère Hervé pour ce partage !

  6. DJAGOUN Jean

    Merci infiniment cher père pour l’éclaircissement sur les points d’ombre qui ont toujours régné.

  7. Célestine

    Infiniment merci pour cet éclaircissement

    1. Bienvenu Fimbo

      Merci infiniment pour les amples détails !

  8. Eze

    Vous nous avez éclairé. Merci et bonne fête de Noël !!

  9. KPADONOU Aimé

    Amen
    Merci beaucoup père pour cet enseignement.

  10. SINHOU Sébastien

    J’ai été très instruit en lisant l’article. Très clair avec des références. Merci beaucoup monsieur l’abbé pour cet enseignement.

  11. JFlorly AVIDJEME

    Merci beaucoup à vous .Que l’Enfant Jésus Lumière des lumières vous éclaire davantage.

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