Carême : Entraînement au combat spirituel

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La vie dans le désert

Chaque année, les chrétiens catholiques entrent dans le temps de grâce du carême, temps favorable pour aller au désert avec le Seigneur. De plus en plus de personnes ignorent pourtant les exigences de ce moment qui nous prépare aux fêtes pascales. Cet article veut lever un coin de voile sur une des particularités de ce temps : le combat spirituel.

Le carême : un temps d’entraînement

Les quarante jours que l’Église accorde aux chrétiens pour se préparer à la célébration du mystère de la résurrection du Christ ont pour objectif premier de nous apprendre à mener le combat spirituel. On peut le dire, le temps de carême est un temps d’exercices appliqués au combat spirituel. D’ailleurs la collecte (la prière d’ouverture) à la messe du mercredi des cendres dit ceci : « Accorde-nous Seigneur de savoir commencer saintement par le jeûne l’entraînement au combat spirituel : que nos privations nous rendent plus forts pour lutter contre l’esprit du mal. »

Elle insinue la nécessité d’un programme d’entraînement sérieux et discipliné. Il suffit de lire les prières d’ouverture des jours de carême, en particulier les dimanches de carême, pour se rendre à l’évidence de l’existence d’un programme qui n’est pas à chercher ailleurs que dans la Parole de Dieu elle-même. Jésus nous le rappelle fortement dans l’évangile lu, chaque année, le mercredi des cendres. Ce programme met l’accent sur trois lieux d’entraînement : l’aumône, la prière et le jeûne. Le chrétien est donc invité à se servir de ces trois moyens, comme lieu concret d’entraînement, pour mener le combat du point de vue spirituel.

Un entraînement au combat spirituel

Il n’y a pas de vie chrétienne qui croisse sans l’existence des combats spirituels au quotidien. Déjà, la vie, dans son déploiement ordinaire, nous impose le combat : ceux qui vivent sont ceux qui luttent. Dans la foi, ceux qui sont chrétiens authentiques sont ceux qui luttent contre les propositions et tentations qui vont à l’encontre de leur identité chrétienne. Le temps de carême offre l’opportunité aux chrétiens de se recycler dans les moyens de lutte, mais aussi d’apprendre de nouvelles manières de combattre contre les stratégies de l’esprit malin. C’est tout l’enjeu de ce combat, qui n’est pas de chair, mais d’esprit. Il s’agit d’un affrontement à l’intérieur de l’homme, contre les « oui » au mal pour le « oui » libérateur à Dieu.

Le combat spirituel « désigne l’effort de l’homme visant à supprimer, aidé par la grâce divine, les obstacles qui proviennent de ses limites, de ses refus et s’opposent à Dieu. Ce combat est de l’ordre intime, car il se situe dans l’âme et le cœur écartelé entre ce que nous sommes en réalité et ce que nous percevons de meilleur pour une vie spirituelle plus grande, plus profonde. Par le combat spirituel, l’homme apprend à triompher de ses divisions intérieures pour se laisser habiter par la paix de Dieu. Son appui principal est la prière ».

Le temps de carême est donc la période privilégiée pour soutenir notre effort contre toutes les tendances de la chair en opposition à notre croissance spirituelle. Dans cet ordre, l’aumône, la prière et le jeûne peuvent parfaitement nous aider.

S’entraîner à l’aumône, à la prière et au jeûne

Il ne sera pas nécessaire, pendant le carême, d’aller chercher des exercices inédits. Notre Seigneur Jésus, avant d’entrer dans la phase publique de sa mission, après avoir reçu le baptême de Jean, est allé au désert, poussé par l’Esprit. Dans ce milieu aride et vide, Jésus priait et jeûnait. Sa vie est déjà toute aumône. On peut donc dire que la préparation du Christ pour le combat contre les forces du mal qui désorientent la volonté des hommes a pour socle l’aumône de soi, la prière et le jeûne. On comprend pourquoi dans son enseignement inaugural sur la montagne, il insiste sur ses trois piliers de la vie spirituelle.

Il ne va pas en effet de soi de donner librement, avec joie. Il n’est pas aisé de prier, si l’on n’y met pas la volonté et la discipline, pas plus qu’il n’est facile de refréner les désirs de la chair. La vie spirituelle tient sa fécondité de l’offrande de soi au Père et au prochain, de la relation personnelle et vivante avec le Père et le frère et enfin, de la maîtrise de soi devant les attraits de la vie. Si le combat spirituel est avant tout un combat qui a pour finalité de nous désolidariser avec la vie de péché pour une autre de pleine communion avec Dieu, il faut reconnaître que la charité par l’aumône, la foi par la prière et l’espérance par la pénitence sont des vertus suffisantes pour y parvenir.

Il sera donc judicieux, si nous voulons vivre un temps de carême fécond, de prendre ces trois piliers de l’entraînement au combat spirituel pour en faire son examen de conscience et définir les points stratégiques, capables de nous aider à progresser quotidiennement. Ainsi, dans l’aumône, se trouve tout ce que l’on peut mettre dans la charité, à commencer par le don et le pardon. Dans la prière, se trouve tout ce qu’on peut mettre dans la foi, à commencer par la confiance et le rejet du soupçon que l’on porte sur Dieu de ne pas vouloir notre bien. Dans le jeûne, se trouve tout le contenu de l’espérance qui nous conduit à trouver notre joie, non dans les plaisirs de la chair, mais dans tout ce qui est utile et profitable pour notre salut.

Si nous voulons vivre un carême simple et méthodique, il sera opportun de nous planifier à partir de ces trois pôles que l’Église nous indique. Tout cet entraînement spirituel nous prépare à communier à la grande victoire du Christ sur la mort et son prince.

Combat spirituel pour la victoire pascale

Le temps de carême est un itinéraire vers Pâques. Notre entraînement au combat spirituel, qui commence le mercredi des Cendres tel que nous le percevons bien dans la prière d’ouverture de ce jour ( « Accorde-nous, Seigneur, de commencer… notre entraînement au combat spirituel » ) nous conduit hâtivement, déjà au quatrième dimanche de carême, vers la joie pascale.

Tout combat spirituel revêt toujours une dimension pascale. Chaque fois que nous luttons contre le péché, jusqu’à l’éradiquer de notre vie, nous pouvons célébrer Pâques, car un péché meurt en nous et la grâce divine fleurit dans notre vie.

Pour les besoins liturgiques, le carême conduit à Pâques ou, mieux, Pâques donne au carême sa raison d’être. Pour fêter Pâques dans la vérité, il faut accepter de vivre un carême dans la sincérité. Dans le carême, profile donc à l’horizon la Pâques. La joie pascale en perspective donne sa teinte au carême et rend ce dernier moins astreignant à l’esprit. Quel renoncement serait trop si c’est pour fêter Pâques ! Pour tenir dans la durée les engagements que l’on prend pendant le temps de carême, il faut chercher à creuser, chaque jour un peu plus, le mystère de Pâques. Plus un chrétien comprend la merveille inexprimable de Pâques, plus il se résout à ne rien concéder qui l’empêchera de vivre pleinement ce moment de joie et de renouvellement de notre être.

C’est ainsi que Dieu nous prépare à la joie définitive, à la Pâques éternelle, si nous acceptons de nous laisser entraîner par son Fils, dans le partage, la prière et la pénitence.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cet article a 2 commentaires

  1. BLIKOU Glwadys

    Très édifiant. Merci Mon Père

  2. AIMONTCHE VIDEGNON

    Merci beaucoup à vous Père pour l’explication….Que le seigneur vous comble de ses grâces.

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