Comprendre les actes pénitentiels de carême

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Désert

À partir du mercredi des cendres jusqu’au samedi saint avant les vêpres de la résurrection, tous les fidèles de l’Église catholique entrent dans un temps particulier, de quarante jours, appelé « carême ». Pendant ce temps, ils se préparent au mieux aux célébrations pascales. Dans cet article, il sera question de comprendre une série d’expressions et les recommandations de l’Église pour les fidèles pendant ce temps de grâce.

Carême et pénitence

Si un mot peut servir à résumer les différents actes que les chrétiens sont appelés à poser pendant le temps de carême, ce sera bien le mot « pénitence ». Depuis le IVe siècle en effet, le carême est considéré comme un temps de pénitence et de renouvellement à travers la conversion, pour toute l’Église.

Bien que cette pratique se soit assouplie au fil du temps, surtout en Occident, la pénitence et la conversion sont la marque fondamentale du temps de carême. On peut bien dire que, à la manière de Jésus se retirant dans le désert, le carême chrétien est une « grande retraite collective » pour se préparer à l’événement de Pâques. Reste à bien comprendre le sens de cette première expression. Qu’est-ce la pénitence ?

Au risque de surprendre, la pénitence, dans le vocabulaire chrétien, est le synonyme du terme « conversion » qui signifie littéralement « changement de mentalité », si nous nous référons à son origine grecque « metanoia ». La pénitence, c’est la conversion. Dans la pénitence, se trouve un ensemble de comportements intérieurs et extérieurs pour implorer le pardon de Dieu pour le péché commis et pour retrouver son amitié.

On comprend mieux les paroles qui accompagnent l’imposition des cendres : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » ou « Souvenez-vous que vous êtes poussière et que vous retournerez en poussière ». La pénitence y est bien marquée, comme appel à la conversion. Reste un deuxième détail important qui consiste à comprendre le contenu de cette « pénitence ». Quel contenu l’Église donne-t-elle au mot « pénitence » ?

Quand l’Église nous invite à la pénitence, elle fait appel à trois réalités sur lesquelles Jésus a insisté dans l’Évangile lu le mercredi des cendres. La pénitence se résume à ceci : Faire aumône, prier et jeûner. On peut y trouver une multiplicité d’éléments se rapportant à chacun d’eux. C’est trois actes sont l’expression de notre pénitence envers le prochain (se convertir au prochain), envers Dieu (se convertir à Dieu) et envers nous-mêmes (se convertir à notre juste identité). Nous nous référons en cela, au catéchisme de l’Église catholique, n° 1434.

Ainsi compris, tous les fidèles catholiques sont obligés de faire pénitence (canon 1249), c’est-à-dire de se convertir, à travers les actes se rapportant à l’aumône, à la prière et au jeûne. Pour que la marche soit commune, l’Église a pris des dispositions à travers un droit particulier, dénommé le Droit canonique. Les articles (appelés techniquement « canon ») de ce droit sont contraignants pour tous les fidèles. Le droit canonique prescrit donc des normes en cette matière. Voyons ces dispositions.

Les actes pénitentiels à travers le Droit canonique

Comme dit tantôt, le Droit canonique prescrit pour toute l’Église catholique ce qui suit :

« Dans l’Église universelle, tous les vendredis de l’année et le temps de carême sont des jours et des temps de pénitence » (Canon 1250). Il faut entendre par là, à partir de la compréhension que nous avons du mot « pénitence »

les jours et temps fixés sont proprement, bien que les autres jours n’y soient pas de reste, des jours de conversion pour les chrétiens. Ils doivent donc prendre conscience de leurs péchés, les réparer et implorer le pardon et l’amitié de Dieu. L’Église précisera davantage sa pensée un canon après. Lisons : Pour faire mémoire de la mort de Jésus en croix les vendredis,

« L’abstinence de viande ou d’une autre nourriture, selon les dispositions de la conférence des Évêques, sera observée chaque vendredi de l’année, à moins qu’il ne tombe l’un des jours marqués comme solennité ; mais l’abstinence et le jeûne seront observés le Mercredi des Cendres et le Vendredi de la Passion et de la Mort de Notre Seigneur Jésus Christ. »

Il convient d’apporter une explication à ce canon.

S’abstenir de viande ou d’une autre nourriture : il s’agit de tout aliment ayant un caractère festif.

Selon les dispositions de la conférence des Évêques : Ce sont les Évêques qui précisent le repas dont il faut s’abstenir.

Chaque vendredi de l’année : Il s’agit de tous les vendredis du 1er janvier au 31 décembre

« à moins qu’il ne tombe l’un des jours marqués comme solennité » : par exemple, si le vendredi tombe le jour de Noël, le jour de la fête de tous les saints, le jour de l’assomption, de l’annonciation, etc., on ne s’abstiendra pas de viande ou du repas défini par la conférence des évêques. On peut les manger, car ce sont des jours de fête.

« Abstinence et jeûne seront observés » : cela signifie qu’il y a une différence entre le jeûne et l’abstinence. Nous nous étendrons un peu plus sur cette dernière partie du canon, qui dit explicitement : « l’abstinence et le jeûne seront observés le Mercredi des Cendres et le Vendredi de la Passion et de la Mort de notre Seigneur Jésus Christ ».

Différence entre « jeûne » et « abstinence »

Il y a une différence fondamentale entre le jeûne et l’abstinence. Comment les distingue-t-on ?

Le jeûne consiste se priver totalement d’un repas dans la journée, avec une alimentation très sobre le matin et le soir. Entre la frugalité du repas du matin et du soir, on ne doit absolument rien manger. Jeûner, au bas mot, c’est se priver de repas le long d’une journée, après un léger petit déjeuner et avant le sobre dîner en signe de rupture de jeûne. Jeûner ne signifie donc pas ne rien manger pendant 24h mais bien se priver du repas de la journée, soit le déjeuner. Doivent jeûner tous ceux qui ont la majorité, jusqu’à 59 ans. Les enfants, les personnes du troisième âge, les malades, les nourrices, excepté.

Qu’est-ce que l’abstinence ? Elle consiste à se priver de viande ou d’un met particulier identifié par la conférence des évêques. Expliquons mieux. Cela signifie qu’on peut manger régulièrement, matin, midi et soir, à se rassasier. Mais dans le repas, on ne verra pas la viande (et ses dérivés) ou un repas particulier tenant lieu et place.

Le Droit de l’Église indique deux jours où l’on devra à la fois observer l’abstinence et le jeûne : le mercredi des cendres et le vendredi saint. Pendant ces deux jours, nous nous privons non seulement du repas de la journée mais aussi de la viande ou d’un aliment tenant lieu. Ces deux jours sont de rigueur. La prière d’ouverture du mercredi des cendres dit ceci : « Accorde-nous, Seigneur, de savoir commencer saintement, par le jeûne l’entraînement au combat spirituel… ».

En clair, il s’agit de commencer par le carême par le jeûne et non de jeûner tous les jours de carême. Il faut préciser tout de suite les deux jours prescrits par l’Église pour le jeûne et l’abstinence sont d’obligation pour tous les fidèles, sauf les cas présentés plus haut.

S’il est vrai que rien n’empêche de poursuivre son jeûne, force est de remarquer que le chrétien qui ne jeûne que ces deux jours observent entièrement les dispositions de l’Église. Il ne s’agit pas d’une prouesse personnelle, car le jeûne contient en lui-même le piège de faire croire à celui qui s’y applique de réussir par sa force et de tomber, pour ainsi dire, dans l’orgueil de mériter la grâce reçue. Le jeûne, hormis les deux jours indiqués par l’Église, devrait être soumis à l’appréciation d’un accompagnateur spirituel. On a d’ailleurs trop tendance à réduire le temps de carême au jeûne ; ce qui est réducteur, s’il n’est pas falsificateur, de l’esprit de carême. Dans cet ordre, l’aumône est aussi un acte de pénitence et de charité, qui nous obtient autant sinon plus le pardon de nos péchés.

Nous avons découvert le lien réciproque subsistant entre les termes carême, pénitence et conversion d’une part avec son contenu principal qui est l’aumône, la prière et le jeûne et, avons compris la différence entre l’abstinence et le jeûne et les dispositions qu’induise l’Église pour leur observance.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cet article a 4 commentaires

  1. AGBOESSI SATURNIN

    Merci mon père pour l’enseignement afin j’ai une compréhension claire et nette

  2. OROUBE Celestin

    Merci bien mon père

  3. Luc

    Merci beaucoup pour cet enseignement qui vient à point nommé

  4. Antoine ODAH

    Gracias padre. Muy claro

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