Quels chants choisir pour le carême ?

Partition musicale
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La vie n’est pas que travail, elle est aussi chants et danses. Heureusement d’ailleurs ! Cependant, on chante et on danse selon les moments, les lieux, les sentiments. Dans la liturgie chrétienne, les chants varient selon la spiritualité du moment. Ainsi, on ne chante pas pendant le temps de l’Avent comme on chantera pendant le temps de Noël. Dans cet article, nous voulons éclairer le chrétien sur les chants à choisir pendant le temps de carême.

Le chant liturgique

Le chant fait partie intégrante de la liturgie. Du début de la célébration eucharistique jusqu’à sa fin, il y a la possibilité de chanter. Le chant liturgique est un chant chrétien qui accompagne les célébrations eucharistiques, sacramentelles et les offices divins. Il s’agit principalement de mettre en musique la Parole de Dieu et les prières, pour ponctuer et accompagner la méditation et les différentes phases de la célébration liturgique. Dans l’histoire de la chrétienté, l’hymne apparaît comme l’une de ses catégories universelles. De l’hymne, saint Augustin dit : « L’hymne est tout à la fois un chant, une louange, et cela pour Dieu. La louange de Dieu sous forme de cantique s’appelle donc hymne » (in Encyclopædia Universalis, « HYMNE, liturgie chrétienne »).

Les chants liturgiques varient, non seulement selon leur contenu, mais aussi selon leur mélodie, d’un temps liturgique à l’autre. Ainsi, on ne chantera pas, pendant la prière des heures, le Psaume 10 de manière analogue en Carême ou à Pâques. C’est dire donc que la spiritualité du temps liturgique impacte fortement le style du chant choisi de la même manière que le choix du chant doit permettre de mieux vivre le temps liturgique. Quelle est la caractéristique principale du temps de carême ?

Le carême : un temps de recueillement

À la manière de Jésus et à sa suite, les chrétiens sont poussés dans le désert, pendant le temps de carême. Dans ce lieu, il y a peu de place à la musique et à la danse. En revanche, le silence est remarquable et le sentiment d’être face à son destin. Dans le désert, les sens sont plus aiguisés pour sentir, voir, toucher, entendre et s’exprimer. Le désert est un milieu naturel qui nous pousse à la réflexion, à la méditation, à l’ouverture de soi à Dieu. Il est le lieu par excellence de la sobriété, de l’essentiel et du dépouillement.

La marque spécifique du temps de carême est donc principalement le silence et le dépouillement. Dans cette perspective, le temps de carême nous invite spécifiquement à redécouvrir la beauté du silence dans nos célébrations liturgiques et dans nos prières individuelles. Il nous conduit à la méditation et la culture de l’intériorité, par le silence désertique et l’écoute de la Parole de Dieu. Ceci étant, les célébrations quadragésimales sont marquées par le dépouillement et la sobriété, la simplicité et la nécessité.

Les « Gloria » et les « Alléluia » sont mis en veilleuse, sauf pour les solennités. La logistique instrumentale pour accompagner les chants disparaissent pour ne laisser la place qu’à l’orgue qui, lui aussi, ne sera utilisé que pour accompagner discrètement les hymnes et les psalmodies. À ce sujet, la Présentation Générale du Missel Romain, en son numéro 313, dit que « pendant le Carême, l’orgue et les autres instruments ne sont autorisés que pour soutenir le chant, à l’exception du quatrième dimanche (Laetare), des solennités et des fêtes ». Si l’on comprend bien l’esprit d’une telle restriction, on peut même ne pas se servir de ces instruments. Notre vie spirituelle gagnera en qualité si les chants choisis nous poussent à retrouver le silence intérieur.

Choix des chants de carême

Les chants de carême portent la marque du silence. Il faut donc éviter autant que possible tous les morceaux musiques susceptible de briser en nous le silence et de nous pousser à la distraction. On ne chantera que lorsque la nécessité s’impose et s’il faut chanter, il faut bien que l’intonation, la mélodie et la cadence soient orchestrées de manière à préserver le silence intérieur ou même à l’accroître.

La thématique des chants choix doit respecter la spiritualité du temps de carême. Il s’agit ici des chants qui appellent à la conversion, à la réconciliation, à la paix, au dépouillement, etc. Pour y parvenir, il faut lire attentivement les textes sacrés (Parole de Dieu et Prières) proposés par l’Église pour chaque jour et se laisser inspirer par les thèmes qui y sont contenus.

Il faut se nourrir par les chants et les hymnes que l’Église met à la disposition des fidèles pour ce temps. La liturgie des heures en offre une palette appréciable. Il y a aussi les livrets de chants qui organisent les cantiques selon le temps liturgique. Ils peuvent être d’un grand secours. L’esprit, d’une manière générale, est de se maintenir dans le désert du strict essentiel, du silence et de l’écoute.

Chants en dehors du cadre liturgique

Le carême est un temps liturgique à vivre par le chrétien. Cette vie ne se limite pas seulement à l’Église et à la prière. Il s’agit de quarante jours qui doivent remplir toutes nos activités journalières. Au bureau comme à la maison, au marché comme en voyage, partout, nous sommes en carême. Les observations faites précédemment pour la liturgie sont donc aussi valables pour la vie « ordinaire ». Nous sommes invités à éviter les espaces à sonorités assourdissantes susceptibles de nous arracher à nous-mêmes. Le monde ne fait pas carême. Il ne connaît pas nos priorités de l’heure. Ses tendances musicales ne sont forcément pas celles appropriées pour notre vie spirituelle de l’instant. C’est au chrétien de montrer sa capacité à se retirer du bruit, intérieurement ; autrement c’est le bruit qui le sortira de sa retraite.

Enfin, s’il doit choisir pour lui-même un chant, partout où il sera, il évitera les chansons de grandes allégresses et de grandes dissipations. Le retrait de l’Alléluia et du Gloria est suffisamment suggestif à cet égard. La joie des chants de Pâques s’apprécie mieux quand la sobriété des chants de carême est bien respectée. L’Alléluia pascal s’enrichit d’une grande valeur parce que justement il nous est arraché pendant le temps de carême. Ainsi en va-t-il de tous les autres chants. Il y a en effet pour l’âme une valeur ajoutée non négligeable des chants de Pâques quand l’esprit de sobriété des chants de carême est épousé par elle.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens