Les trois grandes tentations du chrétien

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La pomme de la tentation

Le diable a tenté dans le désert et s’est éloigné de Jésus, « après avoir épuisé toutes les formes de tentations » (Lc 3, 13). On peut découvrir dans les tentations de Jésus les grandes catégories de tentations auxquelles le chrétien est confronté.

La tentation de la possession

« Si tu es le Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain » (Lc 3,3). Il s’agit là de la tentation économique avec le désir de focaliser notre attention sur le bien matériel et la satisfaction des besoins du corps. La tentation d’apprécier notre relation à Dieu à partir d’une certaine aisance matérielle. On est surpris de voir comment l’homme passe la journée à courir sans répit pour les biens du monde et comment il veille la nuit à réfléchir aux stratégies à mettre en place pour avoir toujours un peu plus d’argent. Combien n’est-on pas pareillement surpris de voir la tiédeur spirituelle qui agrandit de plus en plus son espace dans la vie des hommes ! N’est appétant et sollicitant que ce qui revêt un intérêt matériel. Il suffit de mettre devant un homme, un croyant, un magot d’or et une Bible, symbolisant les biens du monde et Dieu, et lui demander de faire un choix franc. Ce choix est vite fait.

L’esprit mauvais, de manière détournée, nous convie à mettre toute notre confiance dans les biens du monde. Il vend l’illusion que plus nous aurons, plus nous serons heureux. Malheureusement, ceux qui ont plus sont plus préoccupés et plus soucieux, tandis que ceux qui en sont dépourvus les regardent, l’air envieux. La première tentation qui conduit l’homme à défier l’autorité de Dieu se situe dans le matériel. On se rappelle la première raison de la récrimination du peuple d’Israël dans le désert : question de nourriture et de boisson.

Le diable connaît cette faiblesse humaine et il s’y attaque. Le premier péché de la Bible est passé par la nourriture : « Êve prit le fruit et en mangea ». L’esprit malin veut essayer la même tactique sur Jésus : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent du pain » (Lc 3,3). Il surfe sur la faim et le besoin de repas du Christ pour l’attaquer dans un moment où il a besoin de se nourrir. Comme quoi, le diable n’exploite que les moments favorables où nous pouvons tomber facilement. Et alors, il attaque violemment. Au début de ce temps de carême, nous devons sonder sérieusement notre rapport au bien de ce monde et savoir les relativiser.

Jésus répondra au Tentateur : « Il est écrit : l’homme ne vit pas seulement de pain » (Lc 3, 4). Il faut des convictions enracinées dans la Parole de Dieu pour ne pas céder aux supercheries démoniaques. Ne pas transformer les pierres en pain ne signifie pas qu’on n’est pas le Fils de Dieu. Si nous sommes des enfants de Dieu, ce n’est pas à nous de courir pour notre pain, c’est au Père des cieux de nous nourrir. C’est bien la réponse que Jésus donne à l’esprit du mal. Le fait de ne pas avoir les faveurs matérielles n’est pas une condition pour mettre en doute notre identité chrétienne. C’est Dieu qui donne le pain quotidien. En même temps, la nourriture du corps n’est pas le tout de l’homme. Il y a aussi une autre nourriture, tout aussi importante : faire la volonté de Dieu. Jésus dira : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de mon Père qui est aux cieux ».

La tentation du pouvoir

La deuxième tentation de l’homme, c’est le pouvoir, la volonté de dominer, d’être reconnu et célébré. Ce désir est au cœur de tout homme. L’esprit mauvais se présente, à tort, comme le propriétaire de tous les pays du monde. Il suffit de l’adorer, c’est-à-dire de le mettre à la place de Dieu ou plus exactement, de le reconnaître comme Dieu pour avoir sa part de pouvoir.

Qui ne veut pas être porté au pinacle ? Qui ne veut pas être célébré comme le meilleur ? Qui refuse le pouvoir ? C’est la tentation de l’orgueil qui alimente le désir de dominer, d’imposer sa volonté, d’écraser. Voici sa logique : avoir la garantie d’être porté au triomphe mais accepter tout de même d’être esclave du diable. En relation à cette tentation, Jésus dira un jour : « Que sert à l’homme de gagner l’univers s’il vient à perdre son âme ? » (Mc 8, 36).

Le pouvoir est tentant et corrosif. Il emprisonne et personne ne veut céder la plus petite parcelle de pouvoir qu’il possède. Il suffit de voir la scène politique africaine et mondiale pour comprendre combien il est difficile pour les hommes de quitter le pouvoir.

Au cœur de chaque chrétien, le démon suggère le pouvoir. Pour s’en libérer, il faut réfuter sa condition : l’adoration du démon. Cette adoration pour le chrétien peut prendre la forme d’une participation financière : « Il suffit d’envoyer l’argent et on fera tout en ton nom. Ta présence n’est pas importante ». Ou alors, on paye un marabout ou un médium ou un charlatan réputé pour s’occuper de la part du diable. Celui qui a soif du pouvoir à tout prix, finira par tomber dans les mailles du malin.

Jésus nous rappelle un principe pour esquiver cette tentation : le premier commandement qui nous invite à n’adorer que seul et à l’aimer plus que tout. C’est à cette seule condition de refus catégorique d’un compromis avec le diable pour s’accaparer le pouvoir que nous avons la chance de nous sortir d’affaire.

Le danger d’une foi aveugle

Après la tentation du pain et du pouvoir, voici que l’esprit mauvais entraine Jésus sur la mise à l’épreuve de Dieu, en lui demandant de prendre appui sur la parole de Dieu pour agir contre sa raison : « Si tu es le Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ! » (Lc 4, 9)

Le démon prend la parole de Dieu au pied de la lettre pour éprouver le Christ. Cette lecture est pourtant fausse, car le Psaume 90 ne demande pas de sauter du haut de la falaise pour descendre dans l’abîme, en attendant le secours divin. Le Psaume invite plutôt à la confiance au Seigneur. Il s’agit donc de faire une interprétation spirituelle de la Parole pour en comprendre le vrai sens.

Que d’erreurs de lectures de la parole de Dieu ne se font pas aujourd’hui ? La tendance est de faire une interprétation littérale des textes bibliques et d’en tirer des conclusions qui sont à même de conduire l’homme dans les contre-sens. Aujourd’hui plus que jamais, les nouveaux démons trouvent dans l’interprétation erronée de la Parole de Dieu le nouveau terrain propice pour berner les crédules. Et comme la grande majorité n’a pas une culture susceptible de lire la Parole de Dieu et de la comprendre dans ses vrais sens, elle se laisse fourvoyer par des guides habiles. Le résultat, au final, est de dire que la Parole de Dieu est inefficace, car Dieu n’a pas tenu sa promesse.

Le grand danger aujourd’hui est celui d’une foi aveugle basée sur une lecture erronée de la parole de Dieu. Chacun lit la Bible et la comprend à sa manière, souvent faussement. On comprend la raison pour laquelle il y a tant de regrets et de manques de foi en Dieu. Le démon sait que l’homme a une foi inébranlable en la Parole de Dieu. Il sait par quel côté manipuler cette parole pour que nous doutions d’elle. Ce qu’il veut, c’est que l’homme en arrive à dire : « Dieu ne dit pas la vérité ». Quel drame ! Il ne faut pas céder à la tentation de mettre à l’épreuve Dieu.

Les chrétiens doivent être alertés sur les nouvelles astuces qu’utilise le Tentateur pour nous proposer ces formes de tentation. Elles ont un objectif : déplacer notre regard vers d’autres réalités, qui éloignent de Dieu.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cette publication a un commentaire

  1. Gilbert Yamkoudougou

    Le Christ qui a vécu parmi nous et continue d’être avec nous, nous fait la grande pédagogie de la lutte contre le Satan. Merci, Mr. l’Abbé, pour ce grand éclairage dont vous nous avez fait bénéficier.

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