Pourquoi le mercredi des Cendres ?

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Frères et sœurs, nous commençons aujourd’hui le carême. Ce mot vient du latin « quadragessima » qui signifie littéralement « quarante ». Le carême est un temps fort pour nous catholiques qui nous permet de nous engager plus résolument sur le chemin de la justice et de l’amour. C’est un temps qui nous tourne davantage vers Dieu et vers le prochain.

Tournés vers Dieu

Le mercredi des Cendres, il y a une liturgie spéciale d’imposition des cendres au front ou sur la tête. Beaucoup viendront dans les Églises, chrétiens de tout bord, pour recevoir les cendres. Les cendres qui nous sont imposées ne sont pas des poudres magiques. Les fidèles sont très préoccupés par cette poudre réalisée à base des rameaux qui ont servi le dimanche des rameaux précédents. Ils sont si préoccupés qu’ils amènent parfois des bocaux pour la garder chez eux. Je voudrais nous rappeler que les cendres ne sont pas une poudre magique comme on en voit chez les charlatans et les guérisseurs occultes. Cette poudre n’est donc pas à souffler dans la maison, elle n’est pas à laper. On ne doit pas s’en servir pour cuire le repas. Les chrétiens en effet sont pleins d’imagination dans l’utilisation abusive des sacramentaux.
 
Les cendres imposées ont un sens : montrer la fragilité de l’homme et son espérance de trouver miséricorde auprès de Dieu. Celui qui accepte de recevoir la cendre proclame de fait qu’il est inconsistant, léger, assimilable à la poussière, mortel. Dans cette posture, il fait preuve d’humilité devant le Seigneur et le supplie de ne pas considérer ses péchés, marques de son orgueil mais de regarder sa condition mortelle pour lui faire miséricorde. L’exemple des Ninivites qui se recouvrent de poussière nous enseigne fort bien.
 
La réception des cendres nous situe donc dans notre vrai rapport avec Dieu. Loin de lui, nous nous égarons par suite de l’idée que nous nous faisons de pouvoir vivre sans lui. En acceptant les cendres, nous proclamons que nous n’avons pas oublier notre origine : de la terre, animés par le souffle de vie de Dieu. Nous recevons notre vie de Dieu et nous revenons à lui pour quêter sa miséricorde.
 
Deux paroles accompagnent le rite de l’imposition des cendres : « Tu es poussière et tu retourneras en poussière » ou bien « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». La deuxième parole complète la première. Si la première nous rappelle notre lien à la terre, la seconde nous ramène à la tâche principale du chrétien : se convertir par la foi en la Parole de Dieu. Se convertir, c’est changer de comportement et de mentalité. Croire en la Parole de Dieu, c’est accepter le message du Christ comme message de vie et de vérité qui nous engage sur le chemin de la conversion véritable. Nous avons donc tout pour nous tourner vers Dieu.

Tournés vers le prochain

Se tourner vers le prochain, c’est se réconcilier avec soi-même et les autres mais aussi prier pour eux et laisser sa charité se faire inventive vis-à-vis d’eux. Le temps de carême est un temps privilégié de réconciliation. Il s’agira fondamentalement de faire son examen de conscience et de voir en quoi nos relations avec nos frères sont altérées. Il faut situer sa part de responsabilité et accepter la démarche d’aller voir le frère ou la sœur dans un esprit de paix et de réconciliation. Pour être féconde, cette réconciliation exige que nous pansions nos propres blessures, que nous fassions la paix avec nous-mêmes. On ne peut en effet faire la paix avec les autres si on ne fait pas la paix avec soi-même.
 
Se tourner vers le prochain, c’est aussi sortir de l’indifférence au frère et à la sœur, en partageant avec eux, un temps d’écoute, de partage, de sourire.
 
Beaucoup oublient vite la puissance régénératrice d’un simple sourire ou d’un petit mot d’encouragement. Avant de commencer à donner ses habits, on peut déjà s’intéresser à son prochain. Nul n’a besoin d’être riche avant d’aider son frère à se relever. Tous les hommes, riches ou pauvres, ont besoin des autres pour continuer la route.
 
Se tourner vers le prochain enfin, c’est aider le prochain à se tourner vers Dieu, à le sortir de sa torpeur et de sa peur de Dieu. C’est prier non seulement pour lui, mais avec lui. C’est partager la Parole de Dieu avec lui et lui tenir la main pour le conduire à Dieu.
 
Le temps de carême n’a pas besoin de geste grandiose. Il suffit d’être fidèle aux petits engagements que nous prendrons. Comme le dit Saint Paul, « Ma grâce te suffit ; c’est dans la faiblesse que s’accomplissent les plus grandes choses ». Voilà le non-dit du « mercredi des cendres ». Vivons-le de l’intérieur et ce temps portera beaucoup de fruits.
 
Bon temps de carême.
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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cet article a 5 commentaires

  1. Cyrille

    Que Dieu vous comble davantage dans votre mission Padré

  2. Martial Drougba

    Merci Padre

  3. Hyacinthe OROU KPERA

    Merci cher père pour votre enseignement
    J’ai une préoccupation, peut-on démarrer le jeune sans avoir reçu la marque de la cendre?

    1. Frère Hervé

      Oui bien sûr !

  4. Hyacinthe OROU KPERA

    J’ai encore une autre question
    Que pensez vous de ceux qui décident de faire leur chemin de la croix à domicile en famille que de rejoindre la communauté sur la paroisse local ?

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