Le juste usage des sacramentaux ?

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On constate que certaines personnes se servent du sel béni et de l’eau bénite pour préparer leurs aliments à la maison. Peut-on le faire ? Si non, à quoi devraient-ils servir ?

Mon frère, tu poses une question très sérieuse car de plus en plus de fidèles ne savent plus à quoi servent les objets qu’ils font bénir. Comme toi, j’ai croisé des fidèles qui passaient tous les jours l’huile bénie à leur chat, chaque fois que ce dernier allait au dehors pour, disent-ils, chasser l’esprit mauvais du chat. J’ai rencontré d’autres qui portent des croix et des médailles à leur chien. D’autres encore vont jusqu’à mettre les médailles et les croix dans la sauce pendant la cuisson ? C’est dire que ta question est d’une actualité on ne peut plus certaine.

Les objets que nous faisons bénir ont pour nom générique dans l’Église catholique les « sacramentaux ». On y compte les bénédictions des personnes et celles des lieux et des objets. Elles sont multiples et variées. Je vais essayer d’éclairer un peu ta lanterne.

Qu’est-ce que les sacramentaux ? Ce sont des signes sacrés institués par l’Église et qui, un peu comme les sacrements (institués par le Christ), produisent des effets spirituels par la prière de l’Église. Ils disposent les hommes à recevoir l’effet principal des sacrements et les multiples circonstances de leur vie sont sanctifiées par les bénédictions.

Elles sont efficaces du fait de l’action de l’Église lorsque le fidèle qui en fait usage vit des sacrements. En effet, le fidèle qui vit en état de grâce recevra avec beaucoup d’efficacité les sacramentaux. Ainsi par exemple, un chrétien fidèle à sa foi portera fructueusement sa croix tandis qu’un autre qui ne vit pas sa foi peut porter la croix bénite par le même prêtre et ne pas sentir les effets.

Ce que je viens de dire là est d’une importance capitale : l’usage des sacramentaux exige d’abord et avant tout de nous une vie de fidélité à l’Évangile. Alors que les sacrements sont efficaces par eux-mêmes, les sacramentaux atteignent leur pleine action que lorsque les sacrements sont reçus avec régularité et sincérité du cœur. Cela signifie que l’on ne doit pas voir dans les sacramentaux des amulettes magiques, des gris-gris de protection.

Cela dit, se servir de l’eau bénite et du sel béni pour préparer son repas, c’est ni plus ni moins les détourner de leur objectif. L’eau bénite nous rappelle notre propre baptême, renouvelle en nous la source vive de la grâce baptismale, chasse loin de nous les sources de la mort, aide à assainir spirituellement le milieu dans lequel nous vivons. Le sel béni est utilisé aussi pour éloigner la mort et ramener la vie et surtout pour éloigner les mauvais esprits. La croix nous rappelle que notre Seigneur nous a rachetés en acceptant d’être suspendu au bois du supplice devenu bois du salut. Il faut donc connaître chaque sacramental pour ne pas faire des erreurs d’usage.

Les sacramentaux sont pour les hommes et non pour les animaux et les choses. Même si c’est une maison que l’on bénit, c’est pour le bénéfice des hommes. Ainsi, on ne doit pas faire bénir la croix pour la porter à un chien, ni demander que l’huile soit bénite pour oindre un chat. Jésus n’a pas été crucifié pour un chat et l’huile bénite n’a jamais servi pour un chien. Les sacramentaux sont faits par l’Église à l’usage des baptisés et des catéchumènes en processus d’incorporation à l’Église.  Du coup, celui qui n’est pas baptisé ou n’est pas dans la démarche pour le recevoir ne doit pas se servir des sacramentaux. Il est complètement illogique dans l’ordre de la foi de suspendre une croix au cou d’un féticheur ou d’un adepte des idoles. Il est aussi inutile d’inviter un prêtre pour la bénédiction d’une maison où vivront des gens qui ne professent pas la foi catholique et ne reçoivent pas les sacrements.

De la même manière, on n’a pas vraiment besoin d’avoir mille croix suspendues à son cou pour croire que le Christ est mort pour nous sur une croix et que nous devons porter notre croix à sa suite, ni avoir toutes les médailles du monde au cou pour croire en la communion des saints. Ceci relève d’un esprit magique que de la foi.

Mon frère, merci pour ta question qui permet de recentrer le rôle des sacramentaux dans la vie des chrétiens catholiques. Ils montrent toute leur efficacité dans la vie du chrétien qui vit les sacrements et qui a une foi sans alliage au Christ. Ils ne sont pas destinés aux animaux ni à nos aliments. Si j’ai donc un conseil à donner aux fidèles pour leur protection, c’est de les inviter à vivre intimement unis au Christ à travers les sacrements. Par l’action de l’Église, les sacramentaux sont des accompagnements qui sanctifient chaque instant de notre vie. Mais ceci ne va pas sans cela.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens