Qu’est-ce que l’exorcisme ?

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J’aborde ici une question qui préoccupe beaucoup de personnes. Le seul mot suscite curiosité. Je voudrais lever un coin de voile sur cette réalité en me penchant sur les questions de la vie courante.

Jésus pratiquait-il l’exorcisme ?

Le ministère de Jésus, pendant sa vie publique, tournait autour de deux pôles essentiels : l’enseignement de la parole et la guérison. Il suffit de lire Mc 1, 21-28, pour se convaincre de la double dimension de son activité missionnaire. Quand plus tard, il enverra ses disciples en mission, il leur demandera de proclamer la proximité du Royaume en leur donnant le pouvoir de délivrer les gens de la puissance du mal (Mc 6, 7-13). Les disciples, après l’ascension, vont continuer cette mission de libération des vies des chaînes du mal. C’est de cette expérience que vient l’exorcisme. On peut dire sans se tromper que la pratique de l’exorcisme par l’Église vient du Christ lui-même qui transmet le pouvoir à son Église.

L’exorcisme, dans sa définition réduite, est la libération de l’homme de l’emprise des forces maléfiques par Jésus au nom duquel agit le ministre. Il est une prière particulière avec un rite spécial qui ne se pratique que dans le cadre de l’Église, confiante elle aussi de la victoire définitive du Christ sur les forces du mal. Du coup, l’exorcisme ne peut se faire que dans l’Église. On rencontre des prêtres séparés de l’Église, solitaires, faisant l’exorcisme à leur domicile, aménagé sous la forme d’une église. Il faut strictement s’en méfier. Un exorciste qui n’exerce pas dans la communion de l’Église est à fuir à toute jambe. C’est, sans se tromper, un danger potentiel pour la foi des fidèles et la vérité de leur libération.

Il y a la petite forme de l’exorcisme et la grande forme, dite solennelle. Déjà, dans les rites préparatoires au baptême, se trouve une prière d’exorcisme que le célébrant récite sur le catéchumène ou le bébé à baptiser, pour que celui-ci ait la force de résister à Satan et d’obéir au Christ. L’exorcisme solennel, quant à lui, bien que requérant une certaine discrétion, se fait publiquement, par un prêtre légitimement mandaté par l’évêque. Le Code du droit canonique, n°1172, §1 éclaire sur les conditions de son institution. Ce prêtre porte le nom d’« exorciste ».  

Quelles sont les méprises à éviter ?

Il faut éviter deux confusions. La première à propos de l’exorcisme lui-même et la seconde à propos de l’exorciste. L’exorcisme, contrairement à ce que beaucoup peuvent en penser, n’est pas un sacrement de l’Église. Les sacrements sont au nombre de sept et l’exorcisme n’y figure pas. Mais, pour ce qui concerne la petite forme de l’exorcisme, il est un rite sacramentel, exactement comme l’onction du saint-chrême après le baptême ou la bénédiction de l’eau baptismal est un rite sacramentel.

Il faut aussi faire immédiatement une différence entre exorcisme et prière de délivrance. Alors que l’exorcisme nécessite l’intervention d’un prêtre exorciste, la prière de délivrance peut être faite ou par un prêtre ou par tout fidèle catholique baptisé. Il faut aussi éviter de croire que si l’on fait un cauchemar, il faut obligatoirement voir un exorciste.

La deuxième confusion qu’il faut lever immédiatement au sujet de la personne de l’exorciste est celle qui consiste à la considérer comme un prêtre supérieur en grâce à tous les autres prêtres. L’exorciste est un prêtre qui n’a pas plus de grâces que les autres prêtres mais qui exerce un ministère délégué au nom de l’Église. À ceci, il faut ajouter que tous les prêtres, à leur ordination, pour ne pas dire avant, possèdent en germe la grâce sacerdotale exorcisante. La discipline de l’Église veut que ce ministère soit confié proprement à certains prêtres.

Comment rencontrer un exorciste ?

Beaucoup de personnes se méprennent sur la manière de rencontrer un exorciste. Il n’est pas rare de voir des gens demander à tout hasard le numéro de téléphone d’un exorciste. Pour ne pas vous choquer, aucun fidèle n’a le droit de voir votre situation et de vous recommander un exorciste. Seul le curé du territoire de votre domicile peut juger, après écoute et discernement, de la nécessité ou non de rencontrer un exorciste. Bien souvent, les raisons pour lesquelles beaucoup de personnes courent chez les exorcistes ne valent pas la peine. Une simple prière de délivrance, une célébration eucharistique, une confession, une démarche de pardon, la libération d’un lien, et que sais-je encore, peuvent libérer rapidement de l’influence démoniaque. C’est justement quand les ressources du curé de paroisse sont épuisées et que, devant certaines formes maléfiques, il juge de l’intervention d’un exorciste, qu’il entre en contact avec ce dernier pour recommander la personne.

Pour prendre un exemple qui n’est pas suffisamment approprié, quand on souffre d’une maladie, il faut aller d’abord au dispensaire. C’est quand le dispensaire épuise ses possibilités de traitement qu’il envoie à l’hôpital de zone. Si ce dernier est incompétent après consultation, il réfère le malade au centre hospitalier. La chaîne peut continuer du centre hospitalier au centre sanitaire spécialisé, etc. Le malade ne devrait pas se décider à aller à un centre sanitaire spécialisé sans être référé. Aussi insatisfaisant que soit l’exemple, il en va de même pour l’exorciste. Le fidèle, malade dans son âme ou même dans son corps, doit d’abord se faire aider par d’autres fidèles dans la prière. C’est quand ceux-ci n’en peuvent plus qu’ils font recours au curé. Ce dernier, à la limite de ce que le droit lui permet, doit référer le cas à l’exorciste.

Ces questions que nous avons abordées sont d’ordre pratique. Savoir que le ministère d’exorcisme vient du Christ lui-même qui confie cette mission à son Église nous permet de savoir que tout exorcisme s’exerce dans l’Église et sous son autorité. En libérant du mal, c’est le Christ qui continue son ministère de guérison. Il ne faut cependant pas confondre exorcisme et sacrement ni exorcisme et prière de délivrance. Il faut aussi éviter de faire de l’exorciste un « superprêtre » comme si les autres n’en étaient pas. Pour le rencontrer, le chemin le plus rapide est de voir son curé de paroisse. D’autres questions sont attachées à l’exorcisme comme celles de l’activité même de l’exorciste et toutes celles concernant le satanisme et son influence dans le monde.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cet article a 7 commentaires

  1. Honorat

    Merci pour votre enseignement cher Père. Je reviens pour d’éventuelles questions.

  2. KAKPETE DASSI Fabrice

    Merci Père pour votre éclaircissement, sinon plusieurs temps nous avons cru que les exorcistes sont égoïstes parce que toujours nous n’avons pas libre contact avec eux or le truc est d’un poccessus.
    Grâce et Paix

  3. Boni Narcis

    Merci chers pères pour ce travail laborieux. Que Dieu vous bénisse.

  4. Stéphane

    Merci cher Père pour le travail abattu. Que le Saint-Esprit nous aide vraiment à tirer profit de vos enseignements. Qu’il vous fortifie aussi davantage.

  5. CHABI CHINA Lionnel Arnaud

    Merci cher abbé pour les éclairages. Quand vous faites allusion à l’Eglise, est-ce catholique ? Si oui dans quelle logique les pasteurs des autres confessions exercicent-ils? Ils font des rites publics soit disant qu’ils délivrent et les gens témoignent de ce qu’ils guérissent.

  6. Soglo Alexandre

    Merci énormément père pour l’eclaicisement concernant ce sujet qui me troublait depuis un bon moment.

  7. DANNON

    Merci beaucoup cher père pour cet éclaircissement. Que Dieu vous garde toujours et partout dans son amour infini.

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