Comment vivre le Samedi saint ?

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Après la célébration de la Cène du Jeudi saint, suivie de l’adoration nocturne, après les grands moments du Vendredi saint, le Samedi saint semble un moment vide, dont on ne sait vraiment quoi en faire. Sur les paroisses, on profite pour préparer la veillée pascale qui consomme beaucoup d’énergie et de temps. Ce moment « creux » entre la mort et la résurrection n’est pas si vide qu’on le croit. Il est aussi à vivre. Nous allons déterminer le délai du Samedi saint, voir sa marque principale et essayer de dégager la spiritualité de ce jour.

Quand commence le Samedi saint ?

Pour déterminer le moment où commence le Samedi saint, il faut au préalable connaître le commencement d’une journée chrétienne. Une journée ordinaire débute à 00h00 et finit à l’autre 00h00. Il n’en va pas exactement ainsi pour le chrétien. La journée chrétienne commence la veille au soir et finit le lendemain avant les vêpres. Ces vêpres commencent normalement à 18h00. Cela signifie que la journée chrétienne commence à 18h00 et finit à l’autre 18h00. Vous l’aurez remarqué dans la Bible, à la création, comme un refrain, la Parole de Dieu dit : « Il eut un soir, il eut un matin, ce fut le premier jour », etc. Ce n’est jamais « il eut un matin, il eut un soir ». Dans le psaume 53, le priant dit : « le soir et le matin et à midi, je me plains, je suis inquiet » (Ps 53, 18). En d’autres mots, il dit : tout le jour, je me plains, je suis inquiet. Dans la spiritualité chrétienne la journée commence avec les ténèbres mais finit dans la lumière.
 
Si la journée chrétienne commence la veille au soir et finit dans l’après-midi, avant 18h00, c’est dire que le Samedi saint commence pour le chrétien le Vendredi saint à 18h00 pour finir le Samedi saint à 18h00.

Quelle est la marque fondamentale de ce jour ?

Ce jour semble pour beaucoup de chrétiens comme un jour vide, maussade, long et même ennuyeux. Pourtant, la spiritualité de ce jour est marquée par le silence, un grand silence ainsi que l’introduit une Homélie ancienne pour le grand Samedi saint  dont le titre est « Éveille-toi, ô toi qui dors ». En voici un extrait : « Que se passe-t-il ? Aujourd’hui, grand silence sur la terre ; grand silence et ensuite solitude parce que le Roi sommeille ». Le silence que nous sommes appelés à garder est imposé par le silence du Fils de Dieu, lui la Parole qui a retentit, n’a plus de voix.
 
Ce silence est plein d’attente d’amour. C’est un silence qui désire le réveil (il s’agit de la résurrection) de celui qui dort. Nous devons apprendre à goûter ce silence pour découvrir la profondeur du signe de la crucifixion et de la mort de Jésus, mais aussi pour gouter la joie de sa résurrection. En ce silence, nous découvrons le silence divin, silence dans lequel Dieu se révèle. Faire silence, c’est donc accepter cet arrêt de tout pour attendre patiemment que se lève le Seigneur.

Comment vivre ce silence ?

Ça peut paraître paradoxal, mais le Vendredi saint et le Samedi saint sont des jours sans messes. Au moins le Vendredi saint, il y a de grandes célébrations qui nous mobilisent. Le Samedi saint, il n’y a pratiquement aucun rassemblement, sauf les offices qui sont organisés ici et là. Mais la prière des offices, surtout les psaumes chantés nous tournent en ce jour vers la chanson. Le Samedi saint est le jour du chant silencieux, le chant des psaumes d’espérance. Pourquoi ne pas chanter le psaume 4 ou le psaume 23 ou un autre psaume approprié. Avant sa mort, Jésus a entonné un psaume : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Ps 22). Pourquoi ne pas regarder de près ce psaume et le méditer jusqu’au bout ce samedi ? Nous découvrirons qu’il nous fait passer de la mort à la vie, de l’échec à a victoire, de la plainte à l’action de grâce. En réalité, c’est un psaume proprement pascal, en tant qu’il nous aide à opérer un passage. Il nous fait passer du Vendredi saint au dimanche de Pâques, de notre possible fixation à la désolation de la mort du Christ à une ouverture de soi à l’avenir prometteur de sa résurrection.
À chacun de vous, je souhaite une bonne méditation dans l’attente de la joie pascale.
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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens