Je suis amoureuse d’un prêtre : que faire ?

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Le coeur, signe d'amour

Il arrive pour des jeunes filles comme pour des femmes accomplies de tomber amoureuses des prêtres. Si cela arrivait, comment s’en sortir pour ne pas offenser Dieu ?

L’amour se trouve partout dit-on. Il n’a ni âge ni limite, proclame-t-on. Michel Sardou l’a qualifié de « maladie (…) dans le cœur des enfants de 7 à 77 ans ». Tomber amoureuse peut perturber, surtout quand la personne convoitée est un homme consacré, religieux ou prêtre. Tomber amoureux de l’un d’eux peut devenir un réel casse-tête. Comment gérer ce sentiment ? Voilà la question qui nous occupera au long de cet article.

Tomber amoureuse d’un prêtre n’est pas un péché

Ce titre a de quoi surprendre le lecteur. Le prêtre encouragerait-il les femmes à nourrir des sentiments pour les prêtres ou les religieux ? Certainement pas ! Comment affirmer alors que tomber sous le charme d’un consacré n’est pas un péché ? Je le répète bien, ce n’est pas « encore » un péché. En effet, l’amour pour une personne est souvent un sentiment qui naît sans un acte explicite de volonté de la part de la personne. Tant que notre volonté n’est pas activement impliquée, ce n’est pas un péché. Dans la vérité, ce sont des manifestations, parfois naturelles, de notre affectivité. Du coup, on peut affirmer (ce qui peut encore scandaliser) que tomber amoureux n’est pas un mal en soi.

Le mot « amour », dans la pureté de son sens chrétien, signifie « vouloir ce qu’il y a de mieux pour l’autre ». Pour aller plus loin, aimer, c’est « vouloir que l’autre fasse son salut ». L’amour que le Christ recommande pour ses disciples est l’amour oblatif, celui qui se donne pour sauver. On dit que l’amour vrai et pur n’est pas captatif (on ne cherche pas à posséder l’autre, à se l’approprier pour sa propre satisfaction), mais en revanche il est oblatif (on se donne à l’autre sans même forcément chercher un retour, une récompense, une contrepartie). En cet amour, il n’y a aucun péché.

Nourrir cet amour est un péché

Il y a cependant un problème avec le mot « amour ». C’est qu’il ne conserve pas seulement, dans nos sociétés actuelles, ce sens chrétien. Il signifie aussi « posséder ». Il se vit alors dans la chair. On l’appelle « l’amour eros » dans le sens de l’amour sensuel, voire sexuel. Bien souvent, tomber amoureux s’entend sous cette dernière acception et s’exprime par l’attirance charnelle qu’on a pour une personne, au point de désirer la garder pour soi pour en profiter. Où se trouve le problème ?

Il se situe au niveau de la gestion de ce sentiment, né en nous comme par surprise. Pour le savoir, voici une question à laquelle il faut une réponse honnête : alors que je découvre en moi cette attirance charnelle pour le consacré, l’ai-je alimenté par pensée, par paroles et par actions ou ai-je au contraire eu une attitude de contrôle pour le vider de ma vie ?

Si avoir une attirance éclair pour un prêtre n’est pas un péché dans les toutes premières secondes (c’est plutôt une tentation même si le « coup de foudre » ou le « flash » peut être violent), entretenir et cultiver cette attirance est assurément un péché. Accepter – même quelques secondes – l’idée de pouvoir entretenir une relation amoureuse avec un prêtre est déjà un péché en pensée. Commencer à planifier comment se retrouver seule avec ce prêtre, multiplier les rendez-vous avec lui, sous des prétextes même spirituels, planifier les occasions d’être ensemble, des repas, des sorties, se faire belle et désirable avant d’aller le voir… est assurément autant de péchés car la décision n’est pas animée par un sentiment pur et désintéressé. Tout ceci est en fait calculé… Pour sortir de cet étau, il faut discipliner ses sentiments, par la conscience et par la foi.

Gérer l’amour pour le prêtre par la conscience et la raison

Conscientiser son sentiment signifie ne pas vivre dans les nuages, réfléchir et avoir des réponses utiles. Le consacré pour lequel je suis tombé amoureux ne peut et ne doit jamais avoir des intimités sexuelles avec moi. Transgresser cette règle et passer à l’acte, c’est porter atteinte à son identité profonde de consacré et offenser gravement Celui à qui il s’est consacré, Dieu lui-même. S’il en est ainsi, à quoi bon souffrir de l’aimer de cet amour dévorant ? Je ne peux jamais vivre une relation ouverte et visible à l’extérieur avec lui ou avec elle. Pourquoi alors accepter de vivre dans l’hypocrisie et dans une fausse vie ? Il ne sera jamais l’homme de ma vie, pourquoi alors m’épuiser pour un amour sans lendemains ? On dit souvent que le cœur a ses raisons que la raison ignore. J’ose affirmer qu’il faut désormais que la raison connaisse tous les motifs de l’amour du cœur pour mieux les orienter à notre dignité et à notre salut.

La conscience est le régulateur du cœur. Dans sa dimension morale, elle nous interpelle sur ce qui est mal et nous encourage sur ce qui est bien. La conscience nous permet de gérer le sentiment amoureux impossible au plus tôt ou de se le refuser aussi longtemps qu’il sera présent. À cet effet, il faut trois niveaux de contrôle.

Le premier – le plus difficile – est au niveau de la pensée. Il s’agit de ne pas faire mijoter dans son esprit les idées impures, les sensations charnelles et sexuelles. Il faut pratiquement provoquer une mort du consacré dans votre esprit. Faire en sorte de l’oublier et de ne pas le porter dans votre cœur ni dans votre tête.

Le deuxième degré est au niveau de la communication. S’il vous arrivait d’échanger avec lui en certains termes, il faut l’éviter complètement. Il faut éviter les mots trop affectueux. Le dialogue sain purifie la pensée tandis qu’une communication malsaine ravive les pensées charnelles.

Le dernier stade se trouve au niveau des actes que l’on pose. Éviter le plus possible de rencontrer la source de cet amour peut être utile. Jésus dit : « Si c’est ton œil qui t’entraîne au péché, arrache-le » (Mt 5, 29). Il s’agit concrètement d’éviter d’être seule avec lui, de créer la distance. La thérapie peut même conduire à ne pas participer aux messes qu’il célèbre. Les yeux en effet nourrissent l’imagination.

Il s’agit en définitive, du point de vue rationnel, de faire en sorte que le consacré n’existe plus ni dans vos pensées, dans vos échanges et dans vos actions. Cela s’apparente bien à la mort. Si on peut gérer ce sentiment par la raison, il importe de le contrôler aussi par la foi.

Gérer l’amour pour le prêtre par la foi

La foi est un don de Dieu pour mieux pour mieux le connaître et le servir. Elle permet aussi d’équilibrer notre rapport aux choses et aux hommes en y introduisant le critère de notre appartenance à Dieu. Ainsi donc, nous pouvons bien compter sur notre identité chrétienne, conférée par la foi et le baptême, pour contrôler ce sentiment. À ce sujet, il faut considérer l’identité du consacré (prêtre ou religieux), ensuite l’appel à la chasteté de tous les chrétiens et enfin le secours de la grâce par la prière.

Considérer l’identité du consacré

Le prêtre est un autre Christ. Le religieux, par ses vœux, s’est donné corps et âme à Dieu. Parce que le prêtre est un autre Christ, son corps appartient au Christ. Le religieux est dans une alliance particulière avec Dieu voulue par ses vœux. Nourrir des sentiments érotiques pour un prêtre ou un religieux, c’est devenir comme le tentateur au désert et vouloir conduire le prêtre ou le religieux au péché. Il ne faut surtout pas oublier que Jésus condamne fermement l’entraînement des autres dans le péché. Cette conviction de l’identité du prêtre et de la relation existant entre le religieux et le Christ, ajouté à la condamnation du Christ, devrait nous permettre de nous raviser. Ceci nous conduira à changer notre manière de les regarder. Il vaut mieux les considérer à partir de la foi et non à partir de la chair.

Cultiver la chasteté

La chasteté est la vertu théologale qui nous permet d’avoir une relation saine et juste avec les autres et avec nous-mêmes. Tous les chrétiens sont appelés à la chasteté. C’est une vertu liée au baptême et non pas à l’ordination sacerdotale ni à la consécration religieuse. Dans ce sens, tous les chrétiens baptisés s’y sont tenus. En rapport au sujet qui nous occupe, la chasteté permet de développer tout à la fois vis-à-vis du prêtre et du religieux que vis-à-vis de nous-mêmes un type de relation respectueuse de nous-même et des autres dans leur dignité et dans leur responsabilité. Il s’agit de la « saine et sainte pudeur » dans la relation avec les autres. Cette chasteté embrasse aussi bien la pensée, les paroles que l’action et le comportement. Avec la foi, on peut y arriver. Il y a aussi la part de la grâce divine sur laquelle il faut compter.

Demander la grâce divine

Il se pourrait que malgré tout, ce sentiment érotique pour le prêtre ne disparaisse pas, comme si c’était au-delà de nos forces. Le secours divin nous est assuré si nous y recourons humblement. En effet, celle qui est tombée sous le charme d’un prêtre peut offrir cette faiblesse affective à Dieu à travers la prière. Dieu ne le lui refusera pas. Qu’elle demande surtout les dons du Saint-Esprit. Chacun de ses dons est essentiel pour procurer l’accompagnement de Dieu.

Dans la prière, il faut offrir ce sentiment. Il sera même plus fructueux de transformer ce sentiment en motif de prière pour toutes les femmes qui vivent cette tension intérieure qui fait souffrir. Il s’agit de s’offrir et d’offrir aussi le prêtre afin que le Seigneur lui donne la grâce d’une grande fécondité sacerdotale.

Enfin, aimer un prêtre sans pouvoir le lui dire et sans pouvoir chasser ce sentiment de son être est une passion qu’il faut accepter pour notre propre sanctification. Parfois, il est utile de souffrir le martyr, à l’intérieur de soi-même. La croix que nous devons porter va jusqu’à ce point. La vie spirituelle dans la foi chrétienne n’est pas si paisible. Il faut compter avec cette passion.

Si tomber amoureuse d’un prêtre n’est pas, au premier abord, un péché, entretenir ce sentiment l’est véritablement. Pour s’en défaire, il faut accepter de le passer au crible de la raison et de la conscience, instance de régulation. Il faut aussi la refreiner par le don de la foi. Cette dernière permet justement de mieux comprendre l’identité du prêtre et la gravité du jugement de Dieu, de grandir dans la chasteté et de demander le secours divin à Dieu. Nous venons de fournir des solutions à une personne qui tombe amoureuse d’un consacré. Ces solutions sont parfaitement applicables par un homme qui a « flashé » pour une religieuse. Mais alors, quand c’est au prêtre que cela arrive, que faire ?

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Frère Hervé

Je suis un religieux ermite, consacré dans cette forme de vie par mon évêque. Je réside en France et suis passionné par la recherche de la Vérité dans l’Écriture sainte, dans la philosophie et la théologie.

Cet article a 24 commentaires

  1. Honoré Assanwi

    Je remercie très sincèrement les prêtres qui ont contribué à cet enseignement.
    Que Dieu nous aide vraiment dans la mise en pratique des solutions et conseils donnés pour notre salut et surtout pour la gloire de Dieu.

  2. Gertrude Djuikem

    Merci pour cet enseignement frère. Elles sont nombreuses des filles et des femmes qui entretiennent des relations charnelles avec les consacrés jusqu’à avoir même des enfants.
    Quel est le regard de Dieu sur ces personnes ?
    J’ai connu une sœur qui a décidé d’arrêter les relations qu’elles entretenaient avec des prêtres pour revenir sur le “droit chemin” ; sera t- elle toujours coupable de ces pêchés passés ?
    Est-ce vrai que lorsqu’on sort avec un prêtre, on risque la malédiction à vie? Merci pour les réponses que apporteraient

    1. Frère Hervé

      Dieu est un Dieu de miséricorde ; si votre soeur s’est repentie de ses péchés passés dans une confession sincère, elle a dû recevoir le pardon de Dieu. Ce pardon est définitif et il n’y a pas de malédiction !
      Mais l’histoire ne se réécrit pas ; comme dit le psalmiste : “Ma faute est toujours devant moi ; contre toi et toi seul j’ai péché”.

      1. Sandrine

        Bonjour mon frère,
        Merci mille fois, il se trouve que cet article me correspond, j’ai 35 ans, je n’étais pas allée à l’église depuis 2 ans et cet été, en juillet, je me décide finalement un dimanche à assister à l’office. Ce n’était pas le curé habituel mais son remplaçant pour les vacances, et là tout de suite ça a été le choc… j’ai eu un vrai coup de foudre pour le prêtre ! Son physique, sa voix, sa douceur, son intelligence… j’ai l’impression que j’ai recherché cet homme toute ma vie. Bref je suis retournée 2 fois à l’église ensuite en juillet pour le revoir avant de partir en vacances… A la rentrée il n’était plus là. Je suis allée à des messes dans des paroisses voisines et il y a deux semaines, ce qui devait arriver arriva, j’ai fini par le revoir ! Sur le moment c’était comme… magique mais ce sentiment s’est transformé très vite en quelque chose de désagréable, forcément. Une frustration qui n’a pas lieu d’être au final… Je connais maintenant l’église où il célèbre l’office mais je sais que j’y retournerai peu de fois, parce qu’en effet cela ne ramènera rien de bon, il est nécessaire que je l’oublie.

    2. Dossou Aristide KAKPO

      Sincère merci à vous.
      Un article à lire, à relire et à intérioriser par tout baptisé voulant marcher sur le chemin de la perfection.

  3. ATCHADE Marie Reine

    C’est très intéressant cet article. Merci beaucoup à vous cher père.

  4. Hermione KODJO

    Merci pour l’enseignement

    1. KODJO DAVY

      Merci beaucoup pour cet article qui comporte beaucoup de leçons.À vous lire, j’ai remarqué que vous avez indexez uniquement les femmes et filles qui s’intéressent aux prêtres tout en oubliant les prêtres qui sont eux aussi à la base de ces relations. Votre article doit prendre en compte les deux parties. Quelle sera la sanction d’un prêtre .qui commet de tels actes? Ils sont nombreux ces prêtres qui convoitent les femmes. Quel sera leur sort? Le problème que vous en enjambez est délicat des deux sens.

      1. Abbé Jean Oussou-Kicho

        Si vous lisez bien le titre de l’article, son objet est une femme qui demande ce qu’il faut faire maintenant qu’elle est amoureuse d’un prêtre. Nous lui fournissons les réponses nécessaires pour s’en sortir.

        Si vous lisez jusqu’à la fin, vous verrez que dans la conclusion, il y a une ouverture sur le consacré. Quand c’est le consacré qui tombe sous le charme d’une femme, quel comportement adopter ? Ce qui suppose un nouvel article.

        Nous ne traitons pas des sanctions ici. Nous n’en sommes pas compétents et ce n’est pas le plus important. Il s’agit pour nous d’orienter.

        Merci pour la question.

      2. Brigitte BONOU

        Bonsoir cher père. J’aimerais que vous répondiez à la dernière question. Et si c’est le prêtre qui tombe amoureux d’une femme, que faire ?

        1. Frère Hervé

          Nous avons déjà dit qu’il y aura un autre article sur ce thème dans les prochains jours ou semaines.

      3. FALADE Sourou Blaise

        C’est magnifique

  5. FALADE Sourou Blaise

    Je suis très satisfait de l’enseignement prions que cet enseignement apporte un temps soit peu un peu d’eau dans le vin de nos jeunes sœurs
    Merci chers pères pour vos disponibilités à nous offrir des nourritures de l’âme que sont les paroles de Dieu

  6. Faito

    Très utile pour les uns et les autres
    Merci frère

  7. Kougnissoude Khrisologue

    Parfait j’ai aimé

  8. Maryveille d'Almeida

    Très instructif
    Merci infiniment padre

    1. Estelle SOGNON

      Très instructif et éducatif. Merci beaucoup padre

  9. Rachel Ehui

    Merci infiniment pour l’enseignement

  10. AKOUTA Bénédicte

    Merci beaucoup pour cet enseignement

  11. Hannah Manuella

    Merci pour l’enseignement cher père. Que Dieu vous fortifie

  12. Bouda Bewendtaore

    Vraiment merci beaucoup mon frère.. je propose un autre thème : que dois faire un vocandus quand une fille ou un garçon est amoureux de lui ou vice versa ?

  13. Kouanan

    Infiniment merci pour l’enseignement. Que Dieu nous donne sa grâce pour une vie digne du nom.

  14. Houndakon Alice

    Merci père pour l’enseignement c’est très important cet article soyez béni.

  15. POBY

    Merci beaucoup pour ce enseignement sur ce thème. Je suis moi même tombée amoureuse d’un ami qui doit rentrer au séminaire dans deux ans. Je ne sais pas comment je suis tombée amoureuse mais il me prend vraiment pour une amie. Ses amis rigolent de lui parce qu’ils savent qu’il va aller au séminaire pour être un futur prêtre. Lorsqu’il m’a parlé de ses intentions , j’ai approuvé et je l’ai même encouragé à ne pas abandonner car, c’est une œuvre de Dieu. Voyant mon soutien pour lui , nous nous sommes rapprochés plus au fil du temps et cela a créé en moi quelque chose. Mais le problème est que moi je l’aime et par amour pour lui et par ma foi et crainte en Dieu, j’ai décidé de mettre fin à cette relation amicale parce que c’était trop pour moi puisque c’était une question de Dieu. Je lui ai fait part de mes sentiments et de ce que je ressentais et de ma décision et aujourd’hui j’en souffre parce que je l’aime mais j’ai ma conscience tranquille parce sue je ne veux pas me mettre sur le chemin de Dieu.

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