Si un journaliste vous tendait le micro pour résumer en une phrase ce qu’est l’Ascension, voici une réponse possible : L’Ascension est la solennelle fête chrétienne de la montée de Jésus au ciel vers son Père, quarante jours après sa résurrection. Ceci dit, il appuiera sa déclaration par l’évocation de quelques textes bibliques, tels que Marc, Matthieu, Luc, Jean et Actes des Apôtres. À titre suggestif, je vous laisse ici le récit que saint Luc en fait dans les Actes des Apôtres. Il dit :
Sous leurs yeux, Jésus s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs regards. Comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que deux hommes en vêtements blancs se trouvèrent à leur côté et leur dirent : « Gens de Galilée, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui vous a été enlevé pour le ciel viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel
Cette réponse n’est que pour le journaliste. Le chrétien devrait en savoir plus. Et c’est une partie de ce « plus » que je voudrais vous donner aujourd’hui en trois points.
L’Ascension est le couronnement de la mission de Jésus
Jésus est descendu comme le pain du ciel. Il a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme. Désormais, il repart vers le Père, qui l’a envoyé, bouclant ainsi sa mission historique dans le monde. Jésus s’est dépouillé de toutes ses prérogatives divines, devenant semblable aux hommes et mourant de la mort la plus ignominieuse. Il retourne vers son Père, avec un Nom au-dessus de tout nom, dans la gloire. C’est la synthèse de la vie de Jésus depuis son incarnation jusqu’à son ascension.
La mission du Christ est une mission de d’obéissance jusqu’au bout et une mission de rédemption. Avec l’Ascension qui consacre le retour du Christ à son Père, on peut dire sans se tromper que le Fils de Dieu rend le tablier de sa mission au Père.
L’homme doit parcourir le même chemin d’humilité, de douceur, de bonté, comme le Christ pour partager avec lui sa gloire.
L’Ascension montre la dignité du corps humain
Le Christ retourne chez son Père avec l’héritage du corps humain. Il s’agit certes du même corps né de la Vierge Marie, mais d’un corps humain devenu corps spirituel capable d’entrée dans la divinité. En montant au ciel avec son humanité, Jésus redonne au corps de l’homme toute sa dignité originelle. Il le libère pour ainsi dire des conceptions philosophiques et courants de pensée qui stipulent que le corps est une prison pour l’âme et qu’il était une pesanteur pour son élévation. L’âme est bonne comme le corps est bon, puisque Dieu créa l’homme corps et âme et il vit que cela était très bon.
L’implication pour l’homme de l’élévation du corps humain dans la gloire de la divinité est que désormais l’homme vit en espérance du royaume, car la tête y est déjà, le corps l’y rejoindra ; l’homme se doit aussi de respecter son corps et d’en prendre soin autant qu’il respecte et prend soin de l’âme. Le corps n’est pas à mutiler, ni à maltraiter.
L’Ascension inaugure un nouveau mode de présence du Christ au milieu de nous
Le Christ va auprès du Père, certes. Mais il n’abandonne pas les siens à leur sort. Il est avec eux jusqu’à la fin des temps. Désormais, à partir de l’Ascension, le Christ est présent au cœur de l’assemblée selon un nouveau mode de présence. Il est là quand l’assemblée se réunit, quand sa parole est lue, méditée et partagée, quand l’eucharistie est célébrée, quand le pardon est accordé, quand l’amour triomphe. Il s’agit d’une absence mais d’une réelle présence.
L’interpellation des hommes vêtus de blanc nous enjoint donc à prendre conscience de cette présence du Christ en nous. Désormais, nous devons parcourir les routes du monde pour l’annoncer et le faire vivre en d’autres hommes.
C’est ce mystère que nous célébrons aujourd’hui dans la joie. Ce mystère qui nous plonge dans la douce et mouvante attente de l’Esprit-Saint. Que le Seigneur fasse monter avec lui nos légitimes aspirations. Amen
Bonne fête de l’Ascension.
