Quelles sont les démarches pour pardonner ?

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Une main tendue

Jésus nous demande de pardonner à nos frères. Mais quelles sont les démarches à faire pour que le pardon soit effectif et total ? Telle est la préoccupation de cet article.

Les questions concernant le pardon sont complexes et chaque situation exige une lecture particulière. Ici, je fournirai des repères généraux adaptables aux situations personnelles.

Pardonner déjà dans son cœur

La démarche du pardon, aussi surprenante que cela puisse paraître, dépend plus de l’offensé que de l’offenseur. C’est ainsi que Dieu fonctionne avec l’homme : c’est lui qui va à la recherche du pécheur. C’est lui qui prend l’initiative de livrer son Fils entre les mains des hommes pour que, par son obéissance jusqu’au bout, nous soyons réconciliés avec Dieu. La démarche de pardon concerne en premier lieu celui qui est brimé. Et si cette démarche doit aller jusqu’à son terme, cela dépend essentiellement de la partie blessée. Il faudra se préparer à se surmonter.

Se surmonter signifie accepter de t’humilier. C’est bien le contraire que l’on pense souvent : l’humilité de l’offenseur. Mais en réalité, la première démarche de l’humilité vient de l’offensé qui accepte de passer à autre chose en libérant. Pour que cette humilité soit facile à vivre, il faut accepter que d’autres possibles maladresses de l’offenseur te déplaisent. Il faut s’y préparer en sachant que tout ne se passera pas comme on l’aurait voulu. Entrer dans une démarche de pardon exige donc le sacrifice de son « moi », de ce qui en toi prend le primat sur le pardon à accorder. Nul ne peut pardonner s’il n’accepte pas la mort à lui-même. Ce que je veux dire, c’est qu’il faut déjà pardonner dans le cœur avant d’enclencher la démarche. À défaut, d’autres comportement de la part de l’offenseur peuvent braquer l’offenser et le fermer encore plus.

Le pardon : une libération par la conversion du regard

C’est ici que la foi intervient. Pour pardonner, il faut la foi. Celui qui pardonne est celui qui se sait redevable de Dieu et qui a besoin de pardonner pour être pardonné. En réalité, pardonner à son frère, c’est non seulement libérer son prochain, c’est surtout se libérer soi-même d’un fardeau et accepter d’entrer dans une nouvelle espérance. Combien de fois ne nous rongeons-nous pas intérieurement à force de ruminer une offense. Certains en arrivent à ne plus avoir de vie, car ils se cristallisent et se bloquent. Celui qui pardonne se libère plus qu’il ne libère l’autre. Non seulement il se libère, mais encore, il est libéré par Dieu. C’est important de le savoir.

D’un autre côté, la démarche de pardon exige que nous ayons le regard de Dieu sur la situation. Toutes les offenses sont des occasions pour Dieu pour nous éprouver et nous fortifier. Il y a des situations offensantes qui ne révèlent leur côté providentiel que des mois voire des années plus tard. Si Dieu ne veut pas le malheur de l’homme, s’il fait tout concourir à notre joie, cela signifie que celui qui nous offense est un instrument de Dieu pour nous préparer à plus de joie.

Dans ce sens, toute épreuve, toute offense, peut-on dire, est une bénédiction déguisée. La mort de Jésus n’a-t-elle pas débouché sur la résurrection ? Le relèvement ne vient-il pas après l’abaissement. Les offenses sont donc des occasions pour nous relever. C’est pour cela qu’il faut prendre le temps de regarder les offenses non pas avec les yeux de la chair mais avec les yeux de la foi, c’est-à-dire les yeux de Dieu.

En conséquence, pour pardonner, il faut une conversion du regard qui nous permet d’interpréter l’offense non plus à partir de soi, mais à partir de Dieu. La conclusion de cette interprétation est celle-ci : « Père pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Ce sont les mots de Jésus quelques minutes avant de remettre son souffle dans les mains du Père. Si nous en arrivons à ce point de méditation, si spontanément nous pouvons libérer cette phrase, c’est que notre démarche de pardon est pratiquement à sa phase terminale.

Rencontrer l’offenseur

Quand ce préalable sera fait, il faut s’entendre sur une rencontre avec l’offenseur, sans témoin, pour la célébration de la réconciliation. Ne permets pas vraiment qu’il se morfonde à demander pardon et à faire la liste de ses offenses. Le Père du « fils prodigue » ne lui a pas laissé ce loisir. Toi, pardonne et propose un chemin de reprise qui introduise l’offenseur dans la joie.

Je ne voudrais pas finir sans indiquer encore une chose, et aussi une autre. La prière et l’écoute. La prière doit conduire chaque moment de cette démarche : prière personnelle, méditation de la Parole de Dieu et à la fin, prière avec l’offenseur. À travers la prière, Dieu nous donne la force de pardonner complètement et nous fait comprendre la dimension spirituelle de l’offense et du pardon. Ensuite, si la douleur est trop profonde et le pardon vraiment difficile, il faut voir une personne sage et expérimentée dans la vie chrétienne pour aider. Il écoutera, conseillera et priera. Enfin, si la personne prend encore le Corps du Christ, il sera nécessaire de se confesser et de retrouver la communion pleine avec son Dieu.

Comme on peut le constater, pour une démarche de pardon concluante, il faut plus travailler sur soi-même que sur l’offenseur. Que le Seigneur nous donne la force de pardonner à ceux qui nous offensent, dans la vérité et dans la charité.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cet article a 3 commentaires

  1. Kossou Valentin

    Merci infiniment mon père pour cette concrétisation sur le pardon. Que Dieu vous bénisse et vous fortifie davantage.

  2. SOSSOU Ulrich

    Je tiens d’abord à dire merci au seigneur pour avoir donné l’inspiration, ensuite je remercie le père abbé Jean Oussou-kicho et toute son équipe pour cette initiative qui fortifie, relève la vie chrétienne et enseigne le chrétien.

  3. Serge FLACANDJI

    Merci beaucoup cher père pour l’éclairage sur le pardon, je mettrai cela en pratique étape par étape par la grâce de Dieu

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