Église catholique et l’avortement

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L’Église catholique, en s’appuyant sur la Bible, rejette l’avortement comme un acte immoral, intrinsèquement mauvais, contre la vie d’une personne humaine sans défense. Sa position s’appuie sur la sacralité et l’inviolabilité de la vie. Aucun moyen et aucune finalité humaine ne devraient s’en prendre à une vie, ni encadrer techniquement la mort d’une personne humaine. Les fautifs d’avortement, quels que soient leur niveau d’implication, sont exclus de la communion ecclésiale, à moins d’une disposition pénitentielle appropriée.

Le droit de disposer de son corps donne-t-il le droit de disposer du corps d’une autre personne ? Le désir de sortir d’une détresse occasionnelle me permet-il de mettre en péril la vie d’un autre dont la détresse est fatale ? Comme nous pouvons en douter, nous parlons de l’avortement, un phénomène de plus en plus répandu. Des pays l’ont légalisé. Mais qu’enseigne la Parole de Dieu à ce sujet ? Quelle est la réelle position de l’Église et pourquoi celle-ci ? Quelles sont les peines qu’encourent ceux qui pratiquent l’avortement ? Ce sont là quelques questions qui seront abordées dans cet article.

Qu’est-ce que l’avortement ?

L’avortement est la pratique qui consiste à expulser l’enfant du sein de sa mère et interrompre la vie de l’enfant en croissance. Il provoque la mort de l’enfant à naître. Il peut être involontaire ou volontaire. Dans ce dernier cas, il suppose l’implication de la volonté de personnes coopérant pour sortir l’enfant du cadre naturel de sa survie.

L’avortement volontaire porte le nom d’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) quand c’est un cadre légal qui l’autorise. On parlera donc à juste titre d’IVG dans les pays où l’avortement est autorisé. Mais quand l’intervention a pour motif la santé de la mère ou celle de l’enfant, on parle d’Interruption Médicale de la Grossesse. Quant à l’avortement clandestin, il s’agit de la pratique abortive dans un cadre qui ne soit pas légal.

L’avortement involontaire ne relève pas de la responsabilité de la femme. Il s’agit de ce que nous appelons « fausse couche ». Il peut intervenir quand la vie de l’enfant s’éteint naturellement dans le sein maternel. Il peut advenir suite à une mauvaise médication ou à une maladie de la mère. Les raisons sont parfois variées.

Pour notre sujet, nous nous intéressons à tous les cas d’avortement qui impliquent explicitement ou implicitement la volonté de l’homme.

Que dit la Bible de l’avortement ?

Il faut être honnête de dire que le mot en lui-même ne se retrouve pas dans la Bible, considération faite de la pratique de notre époque. La sacralité de la vie et son inviolabilité sont affirmées dans la Bible. Ceci est très caractéristique dans le livre de le Genèse. Il faut lire toute l’histoire des premiers fils d’Adam et d’Eve pour comprendre quelle valeur porte la vie humaine aux yeux de Dieu. Caïn devra subir les conséquences lourdes de sa forfaiture. Mais sa vie sera protégée. Bien que meurtrier, sa vie est inviolable.

Les Saintes Écritures nous révèlent que, même dans le sein de sa mère, Dieu connaît l’enfant. Il a sur lui déjà un projet :

« La parole du Seigneur me fut adressée : Avant même de te façonner dans le sein de ta mère, je te connaissais ; avant que tu viennes au jour, je t’ai consacré ; je fais de toi un prophète pour les nations. »

En conséquence, ce regard de Dieu et son projet sur l’être humain depuis les entrailles maternelles montrent bien que la vie de l’enfant est aussi sacrée. Pour cela, le cinquième commandement qui interdit de tuer, s’applique aussi à l’enfant. Il est en effet défendu de tuer un homme.

Voici un passage du livre de l’exode qui nous parle de l’avortement involontairement provoqué et qui, malgré cela, n’est pas sans conséquences :

« Si des hommes, en se battant, heurtent une femme enceinte et que celle-ci accouche prématurément sans qu’un autre malheur n’arrive, le coupable paiera l’indemnité imposée par le mari, avec l’accord des juges. Mais s’il arrive malheur, tu paieras vie pour vie » (Ex 21, 22-23). C’est le début de la loi de « œil pour œil, dent pour dent ».

C’est le début de la loi de « œil pour œil, dent pour dent ». En clair, si dans la bousculade la femme enceinte un malheur survient, soit à la femme et/ou à l’enfant, l’auteur de la bousculade le paiera de sa vie. De fait, Dieu seul est l’initiateur de la vie. Il est la source de la vie de chaque être humain. Il nous connaît avant même notre conception. Du coup, il doit être le seul qui décide du retrait ou non de l’homme de cette vie. L’homme doit se laver de toute implication dans la mort d’un autre. Fidèle à la parole biblique, l’Église nous donne sa position sur l’avortement.

Qu’enseigne l’Église sur l’avortement ?

L’Église se prononce en particulier sur l’acte volontaire de l’avortement. Le catéchisme de l’Église catholique enseigne que :  « la vie humaine doit être respectée et protégée de manière absolue depuis le moment de la conception. Dès le premier moment de son existence, l’être humain doit se voir reconnaître les droits de la personne, parmi lesquels le droit inviolable de tout être innocent à la vie » (CEC, 2270)Il suffit de lire la lettre encyclique Evangelium vitae du pape Jean-Paul II pour comprendre jusqu’où va la pensée de l’Église. Le pape dit : « la vie humaine est sacrée et inviolable dans tous les moments de son existence, même dans le moment initial qui précède la naissance . Ainsi, l’avortement est considéré comme étant  un  désordre moral particulièrement grave. » (Jean-Paul II, Evangelium vitae, 25 mars 1995)

Cette conviction est si ancrée dans la pensée de l’Église que, dans le Code du Droit Canonique de 1983, l’avortement suivi d’effet est passible d’une excommunication « latae sententiae ».  Autrement dit, celui qui avortement effectivement d’un enfant à naître, sort de la communion de l’Église par le fait même de l’acte posé, sans que personne ne le lui signifie explicitement.

L’Église appelle ses filles et fils à s’opposer aux dispositions légales en faveur de tout ce qui tue la vie par l’objection de conscience. Comme que le rappelle le Cardinal Joseph Ratzinger, « dans le cas d’une loi intrinsèquement injuste, comme celle qui admet l’avortement ou l’euthanasie, il n’est jamais licite de s’y conformer, ni de participer à une campagne d’opinion en faveur d’une telle loi, ni de voter pour elle» “Etre digne de recevoir la sainte communion”, 73. 

En conséquence, les catholiques

sont appelés, en vertu d’un grave devoir de conscience, à ne pas apporter leur collaboration formelle aux pratiques qui, bien qu’admises par la législation civile, sont en opposition avec la Loi de Dieu. En effet, du point de vue moral, il n’est jamais licite de coopérer formellement au mal. […] Cette coopération ne peut jamais être justifiée en invoquant le respect de la liberté d’autrui ni en prenant appui sur le fait que la loi civile la prévoit et la requiert.

Pourquoi l’Église condamne l’avortement ?

L’Église condamne l’avortement car cet acte volontaire est fondamentalement mauvais puisqu’il porte atteinte à la vie d’une personne humaine dans la phase la plus fragile de son existence. Dans la vérité, l’avortement est un meurtre. Elle fait plus mal à l’enfant qu’à la mère, puisque le plus faible y laisse sa vie. L’avortement ne peut être ni un moyen, ni une fin en soi pour se libérer d’une détresse et atteindre ses objectifs puisque, dans la vérité, il concerne une vie contre laquelle on prend la pire des décisions qui soit : la supprimer.

L’attitude de l’Église est donc en cohérence avec l’enseignement biblique et reste invariable. Elle prend en effet la défense de la vie, la vie des plus fragiles et des plus dépendants. Nous sommes précisément à cette limite dans le cas de l’avortement.

Le pape Benoît XVI, alors cardinal, met en garde les autorités politiques d’obédience catholique qui soutiennent obstinément l’avortement ou en sont impliqués par le vote des lois que les autorités compétentes de l’Église doivent les informer clairement de la position de l’Église et leur demander de s’abstenir de la Sainte Communion.

Que retenir ?

L’interruption de la vie d’un enfant dans le sein de sa mère s’appelle avortement. Quand il est volontaire, il s’agit d’un acte moral fondamentalement mauvais. Il est en violation de la sacralité et de l’inviolabilité de la vie d’une personne fragile et entièrement dépendante de sa mère. La Bible et l’Église condamnent de main forte l’avortement. Les personnes impliquées dans le processus de l’avortement, à tous les niveaux donnés, ne sont plus dans la communion de l’Église et devront s’abstenir de la communion eucharistique.

Derrière le problème de l’avortement se pose cette question qui divise ceux qui sont pour l’avortement et ceux qui y sont contre. Il s’agit du statut de l’embryon. Est-il un homme à part entière ou non ?

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cet article a 6 commentaires

  1. Couaovi H

    Clair et fondé sur les écritures et le magistère. Des textes de la tradition, tel la DIDACHE, explicites sur la question. Les années 50, des évêques US ont interdit communion aux élus soutenant la ségrégation . Nos évêques préservent nos élus de ” manger et boire leur condamnation” !

    1. Abbé Jean Oussou-Kicho

      C’est vrai que les textes primitifs d’Église, textes de grande autorité comme la Didachè, souligne l’interdiction de l’avortement. Vous avez fait une remarque judicieuse.

  2. Kambri

    Merci mon père pour les enseignements que vous dispensez . C’est édifiant.
    J’aimerais aussi savoir ce qu’il en est des contraceptifs pour le planing familial. Quelle solution à cet effet si cette voie est à proscrire ?

  3. Alphonse BAGRI

    Merci beaucoup chers pères pour vos efforts quotidiens que Dieu vous aide d’avantage

  4. libellule

    Dieu a dit : tu ne tueras point.
    Que faut il dire de plus ?

  5. Marcel GBEDEHESSI

    Je viens de lire cet enseignement. excellent !

Les commentaires sont fermés.