La prière chez le prophète Élie

Intercession du prophète Elie
Intercession du prophète Elie

Le prophète Élie a été un grand homme de prière, à la fois un grand intercesseur et un profond contemplatif. Sa vie de prière peut nous guider dans notre relation avec Dieu, au cœur des événements de notre vie.

L’histoire du prophète Élie survient dans un contexte d’infidélité du peuple au Seigneur, infidélité cautionnée depuis le sommet avec la reine Jézabel, épouse du roi Akhab, infidélité qui entraîne le peuple dans l’idolâtrie. Le prophète Élie n’a donc pas eu un ministère facile : il lui fallait ramener le cœur du peuple à Dieu. Sa principale force vient de la puissance de sa vie de prière. Nous allons reprendre quelques événements centraux de son ministère dans le peuple et de relation avec Dieu, pour montrer l’influence de la prière sur sa fonction prophétique.

Élie priait des personnes

Sa première supplication au Seigneur fut en faveur de la veuve de Sarepta qui, dans un acte de foi, le reconnut comme l’homme de Dieu dans la bouche duquel se trouvait effectivement la Parole de Dieu (cf. 1R 17, 24). La prière d’intercession en faveur de nos frères est pour susciter la foi en eux. Tant que cet objectif n’est pas atteint, du chemin reste à accomplir. Cela signifie que notre intercession pour nos frères et sœurs doit être suivie d’une catéchèse qui explicite les conséquences de la grâce que Dieu accorde. Les signes du Seigneur ne sont pas au bénéfice de notre curiosité mais de notre foi. Jésus reprochera toujours aux pharisiens et à nous aujourd’hui, de ne pas pouvoir aller au-delà des signes et des prodiges qu’il accomplit. En cette matière, le prophète Élie a atteint son objectif dans la vie d’une veuve païenne : la conduire sur le chemin de la foi. La prière d’intercession est donc éminemment un moyen pour susciter la foi dans les cœurs.

Élie priait pour la conversion du peuple

Le deuxième épisode de la vie du prophète Élie sur lequel il convient de s’arrêter est sa confrontation avec les prophètes de l’idole Baal. Le peuple s’était détourné de Dieu pour ne plus recourir aux faux dieux. Élie est stratégique. Il lance un défi aux prophètes idolâtres : le Dieu qui répondra par le feu, entre Baal et le Seigneur, sera l’unique à reconnaître par tous. On connaît la suite de l’histoire. Tout le long du jour, Baal n’a pas répondu tandis qu’une courte prière du prophète Élie a suffi pour que le Seigneur intervienne en consumant l’offrande. « À cette vue, dit la Parole de Dieu, le peuple se jeta, face contre terre et dit : c’est le Seigneur qui est Dieu ! c’est le Seigneur qui est Dieu ! » (1R 18, 39).

La réponse du peuple est en correspondance parfaite avec le contenu de la prière du prophète : « À l’heure du sacrifice du soir, Élie le prophète s’avança et dit : « Seigneur, Dieu d’Abraham, d’Isaac et d’Israël, on saura aujourd’hui que tu es Dieu en Israël, que je suis ton serviteur, et que j’ai accompli toutes ces choses sur ton ordre. Réponds-moi, Seigneur, réponds-moi, pour que tout ce peuple sache que c’est toi, Seigneur, qui es Dieu, et qui as retourné leur cœur !  Alors le feu du Seigneur tomba, il dévora la victime et le bois, les pierres et la poussière, et l’eau qui était dans la rigole. » (1R 18, 36-37).

L’enseignement derrière cet événement de la vie de prière du prophète Élie est patent : la prière est au service de la conversion de la communauté de foi. Nous sommes en présence d’un peuple dont le cœur s’est éloigné du Seigneur. Élie ramène le cœur des fils d’Israël vers le Seigneur. Une communauté priante dans la vérité est une communauté convertie au Seigneur. On peut dire que la conversion au Seigneur est l’un des fruits de la prière. Et l’Église ne se lasse pas de prier pour la conversion en profondeur du peuple que Dieu s’est acquis. Cette conversion consiste à reconnaître Dieu comme l’unique et à améliorer notre relation avec lui. Si notre prière ne nous convertit pas, si elle transforme pas les cœurs, il faut alors s’interroger sur sa sincérité. Correspond-elle vraiment au besoin de celui ou de ceux en faveur de qui elle est présentée à Dieu ?

Donc, pour prier vraiment en faveur du peuple, il faut connaître ses besoins et ses problèmes, ses aspirations profondes et ses limites. Le problème fondamental du peuple était l’idolâtrie, l’absence de discernement entre le vrai Dieu et le faux dieu. Élie sait que l’action du Seigneur est capable de les éclairer et il demande à Dieu de donner la grâce de discernement à son peuple, par sa réponse favorable à sa prière. Il faut en conséquence, avant de prier pour une communauté, connaître les problèmes de ce peuple avec précision, pour les présenter adéquatement au Seigneur. L’objectif final est de conduire à la foi collective. Ce qui transite par la reconnaissance de Dieu et la conversion qu’elle induit.

Élie priait au moment du découragement

Élie, le prophète, était en but au découragement face à la férocité de l’adversaire. Il fuit devant l’ennemi, lui le prophète du vrai Dieu. Il est si déprimé qu’il demande au Seigneur de reprendre sa vie. Et oui, l’homme de Dieu peut lui aussi connaître des moments de lassitude extrême. Il peut lui sembler qu’il se donne de la peine pour peu ou pour rien. Les vicissitudes de la vie peuvent vite assombrir le tableau des triomphes. Élie s’adresse au Seigneur, son meilleur interlocuteur : « Maintenant, Seigneur, c’en est trop ! Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères. » (1R 19, 4).

À la prière plaintive du prophète, le Seigneur répond par le don d’une nourriture aux origines inconnues, faite de galette et d’eau, une nourriture à la consommation de laquelle le prophète retrouva sa force d’aller jusqu’au terme de son voyage. Cette galette et cette eau sont les préfigurations de l’Eucharistie et de l’Esprit. Au fort de nos découragement, Dieu fortifie le croyant par le don du « Pain du ciel » signifié par les galettes et par le don de son Esprit, symbolisé ici par l’eau. L’eucharistie est un viatique pour tenir bon au moment des épreuves. Quand tout va mal, c’est dans l’eucharistie et dans la force de l’Esprit que le chrétien doit puiser de nouvelles ressources.

Nos jérémiades, qui sont aussi de véritables prières que le Seigneur ne banalise pas, trouvent, en ce passage, une réponse on ne peut plus claire : communier au Corps du Christ et se renouveler dans son Esprit pour tenir bon sur le chemin. Combien de chrétiens aujourd’hui perçoivent l’importance du Corps du Christ dans le combat qu’ils doivent mener contre leur propre découragement, comme la voie royale pour un nouvel essor ? Combien appréhende dans le don de l’Esprit la force qui est donnée d’en-haut pour nous sortir de nos peurs et de nos torpeurs, de nos enfermements et emmurements ? Ce sont des solutions toujours appropriées dont on ne trouve que trop peu, hélas, l’efficacité.

Les raisons de cette plainte seront évoquées quelques versets plus loin : « J’éprouve une ardeur jalouse pour toi, Seigneur, Dieu de l’univers. Les fils d’Israël ont abandonné ton Alliance, renversé tes autels, et tué tes prophètes par l’épée ; moi, je suis le seul à être resté et ils cherchent à prendre ma vie. » (1R 19, 10). Une double raison donc : Infidélité du peuple jusqu’à en vouloir à la vie de son serviteur et souffrance du serviteur devant l’apostasie du peuple.

Le Seigneur répond à son serviteur en lui donnant de goûter la paix de sa présence silencieuse et en lui révélant ses projets d’un renouveau pour le peuple. La prière de contemplation est le lieu des confidences. Élie en fait au Seigneur et lui, en retour, fait les siennes. Qu’est-ce que c’est beau d’en arriver à ce point d’intimité avec le Seigneur, de pouvoir échanger avec lui, cœur à cœur. À la déception et au tourment du prophète, le Seigneur ne répond pas par le fracas des montagnes, ni par le tintamarre du ciel et le crépitement de feu, mais par « une voix de fin silence » ou par un « silence sonore ». Dieu est silence et paix. Il apaise par sa présence douce, discrète, réparatrice. Il faut descendre jusqu’au point silencieux de nos vies pour découvrir que devant les bruits extérieurs, il est l’hôte intérieur et discret.

C’est ici qu’on comprend mieux les projets du Seigneur. C’est dans ce silence qu’une nouvelle espérance naît. Car le Seigneur donnera des rois accordés à son cœur à son peuple et un nouveau prophète à ses élus. C’est en goûtant le silence de Dieu dans la prière que l’on perçoit que le mal n’a pas le dernier mot : là où le mal et la mort dictent leur loi, Dieu agit dans le silence pour renouveler l’univers. Cette consolation se découvre au cœur de la contemplation de la présence silencieusement audible du Seigneur au cœur de nos vies : « Point de ténèbres sans espoir de lumière, Rien n’est fini pour Dieu ; Vienne l’aurore où l’amour surgit, Chant d’un matin de Pâques ! » (Hymne pascal)

Ce parcours sur le prophète Élie est un exemple qui peut correspondre, avec les variations liées au contexte historique de chaque prophète, à chacun des messagers de Dieu. On ne pourra pas tout aborder, malheureusement. Il reste à voir l’impact de la sécheresse de notre relation avec Dieu sur la création et l’importance pour nous de demander la grâce que Dieu accorde à ses prophètes et à ceux qui ont une grande intimité avec lui. Nous allons cependant nous arrêter à ce point dans notre quête de la prière dans la vie et le ministère du prophète Élie en priant le Seigneur, comme le voulait le prophète Élisée son successeur, la double part de l’Esprit qui reposait sur Élie.

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens

Cet article a 2 commentaires

  1. Spéro DEGBEVI

    Je vous remercie beaucoup pour les explications sur Élie. Mais ce qui m’étonne jusqu’à aujourd’hui, c’est son désire à faire du mal de temps en temps. Il a fait descendre du feu sur des soldats… N’est-ce pas contraire à la volonté de Dieu. Parfois j’ai l’impression que chaque prophète dans la bible se distingue par sa façon de connaître Dieu.

  2. Lydia HOUNSOU

    Merci beaucoup Père Jean pour ces différentes formations très édifiantes sur la prière.
    Que le Seigneur nous donne la grâce d’être vraiment à son image
    Amen

Les commentaires sont fermés.