Marie méditait ces événements dans son cœur

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Ambon

Hier, nous avons rendu grâce à Dieu pour l’année écoulée. Dans certains pays, dans certaines grandes villes comme Sydney, Tokyo, Beijing, Hong Kong, Moscou, Berlin, Paris, Londres, New York, et même chez nous, c’est au son des bouchons de champagne et à l’éclat des feux d’artifices que l’on a célébré son arrivée. Certains parmi nous l’ont vécu avec le réveillons qui s’en est suivi. Cette joie extérieure est bonne. Elle doit être le reflet d’une joie plus profonde qui jaillit de l’intérieur de notre être.

Vivre l’année à partir du cœur

En effet, nous chrétiens devons accueillir la nouvelle année non seulement avec ces signes extérieurs et tout le bruit qui l’entoure, mais aussi et surtout au son du silence et de la méditation qui caractérisent Marie dans l’évangile d’aujourd’hui : « Marie retenait tous ces événements et les méditait dans son coeur.  » Nous rentrons dans la nouvelle année, avec la prière comme premier acte. Certains se retrouvent à l’Église, d’autres prient en familles, d’autres encore sont devant le Saint-Sacrement. Il n’y a pas meilleure manière d’entrer dans la nouvelle année, si ce n’est dans la prière, dans l’action de grâce, dans la méditation comme la Vierge Marie, si ce n’est devant le Seigneur qui est à l’intérieur de nous et présent parmi nous.

Avec la fin de l’année et le commencement d’une nouvelle année, notre méditation nous permet de saisir plus facilement la réalité du temps qui s’écoule. Le rythme des saisons nous indique que plus nous vieillissons, plus le temps nous glisse entre les doigts avec rapidité. Beaucoup se posent la question de savoir ce que nous réservera l’année nouvelle.

Pour le savoir, il s’agit de se mettre à l’école de Marie : garder les événements de l’année écoulée et les méditer dans notre cœur pour mieux vivre l’année dans laquelle nous rentrerons dans quelques moments. Vous savez sans doute que le mois de janvier, le premier mois de l’année, a pris son nom du dieu romain Janus, un dieu à deux visages : l’un qui regardait en arrière, vers l’année qui se termine et l’autre qui scrutait l’avenir. Janus est donc resté le symbole des bilans et de la planification.

Oser le bilan de sa vie

En ce début d’année, il est bon de regarder en arrière. Le bilan des années qui se terminent sont rarement très positifs : tension dans le monde, corona virus et son cortège de contrainte, crise économique sans précédent, pertes de millions d’emplois, danger de pandémie, etc.

Le bilan que nous dressons de nos réalités quotidiennes n’est guère plus reluisant, bien qu’au plan personnel nous soyons plus disposés à reconnaître qu’il y a eu du positif mêlé au négatif. Peut-être avons-nous vécu des séparations, des divorces, des décès, des accidents, des maladies, une perte d’emploi, de la solitude. Dans nos vies, il y a bien des événements que nous avons, nous aussi, du mal à comprendre. En regardant l’année qui vient de se terminer, nous pouvons nous poser des questions.

Pourquoi cela nous est-il arrivé ? Pourquoi avons-nous réagi de cette manière ? Pourquoi sommes-nous entrés dans cette histoire ? Nos vies, nous les construisons un peu, nous les subissons beaucoup. Il nous arrive des événements heureux, mais que d’histoires tristes nous avons à vivre ! Que de rêves nous avons faits pour nous, pour notre couple, pour les enfants… Ils ont été bêtement sabordés à cause d’une question d’argent, une question de santé, une question d’amour, de point de vue… Chacun a ses zones d’ombre et de déception.

Toutefois, il y a eu aussi des événements heureux, des rencontres familiales, des fêtes d’enfants, des pardons accordés et les réconciliations qui ont suivi, des visites à l’hôpital pour rétablir notre santé, la naissance d’un enfant, le succès dans notre carrière. Et nous nous nous demandons comment tout cela a pu advenir. Comment ai-je eu la force de surmonter telle persécution ? Comment ai-je pu réaliser tel projet ? Comment ceci, comment cela… ? Chacun a ses raisons pour rendre grâce ! Ne pas en trouver, c’est faire preuve d’ingratitude envers Dieu.

Ce bilan détermine profondément la nouvelle année. L’oubli du passé, des événements marquants de notre vie, agit pour une large part et négativement sur le cours de notre vie. Il ne s’agit pas de s’en remémorer pour mieux détruire et nous détruire. On pourrait bien l’utiliser à des fins destructrices. Mais il s’agit de faire un retour sur les événements de notre vie, pour en tirer les conséquences pratiques qui nous permettrons de nous améliorer, et d’améliorer notre relation avec Dieu et avec nos frères. Comme Marie, nous devons apprendre à faire la culture du cœur. La prière et la méditation pourraient devenir des adjuvants précieux pour un tel exercice.

Vivre l’année dans l’espérance et l’engagement

En ce début d’année, l’espérance nous invite à croire que nous pouvons changer quelque chose en nous et autour de nous, à croire que le bonheur est possible. Elle nous oriente résolument vers une plus grande qualité de vie.

Regarder en arrière est utile, mais il est encore plus important de projeter notre regard vers l’avenir. La vie nous est donnée pour aller de l’avant, pour faire ce que nous n’avons pas encore réussi à réaliser. La vie nous est offerte pour recommencer avec un cœur neuf là où nous avons peut-être échoué dans le passé. Elle nous est donnée pour que nous bâtissions quelque chose de beau.

Souvent les gens disent : « À mon âge, je suis trop vieux pour changer ! » Dans l’esprit de la Bible, on n’est jamais trop vieux pour changer, pour nous améliorer, pour nous remettre en chemin. La Bible est pleine d’exemples de personnes âgées qui ont réorienté leur vie. C’est pourquoi beaucoup de gens prennent de bonnes résolutions en début d’année. Au moins, ils veulent essayer, ils veulent faire un effort. Joseph Suenens voit juste quand il dit : « Il y a pire de n’avoir pas réussi, c’est de n’avoir pas essayé »

Beaucoup de personnes, au nom des possibilités nouvelles qu’offre la nouvelle année pour de nouvelles promesses et réalisations, se souhaitent les vœux de « bonne et heureuse année ». Longévité, prospérité, promotion, succès, santé, joie, bonheur, paix… Tous ces vœux sont légitimes en soi et se retrouvent dans les bénédictions que la première lecture nous avons faites entendre et accueillir dans notre cœur. Dans cette veine, je souhaite une année de paix, une année de foi dans la présence du Seigneur à vos côtés, en tout ce que vous ferez et entreprendrez. Dans la paix que le Seigneur répand sur nous, il y a tout ce que l’homme peut désirer de bien pour lui-même et pour son prochain.

J’ai ajouté la foi en Dieu, car mes frères et sœurs, on serait malheureusement tenté de croire que Dieu accorde sa bénédiction aux uns et la refuse aux autres, au point où la vie de certains serait rose sans effort, et celle des autres serait amère sans faute ni péché de leur part. Le Seigneur accorde sa bénédiction à tout le monde ; il ne refuse ses faveurs à personne. Toutefois, cette bénédiction du Seigneur n’atteint sa pleine efficacité que dans la mesure où nous exerçons une liberté responsable.

La bénédiction de Dieu ne changera pas notre monde comme par un coup de bâton magique si nous aussi nous ne prenons pas notre part de responsabilité en nous comportant comme des hommes et des enfants de Dieu, en respectant les lois de la nature et celles de Dieu, en acceptant un tant soit peu, de faire violence sur nous-mêmes, pour aller de l’avant.

Dieu peut transformer notre existence, la pacifier, la guider, la faire chanter. Il nous invite aujourd’hui à avoir une vie plus abondante, à entreprendre cette année dans la joie et dans la confiance.

Dieu est avec nous

C’est dans ce sens qu’il nous offre, dans la première lecture, sa bénédiction, l’une des plus belles qui soient : « Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix !  » Grâce à cette bénédiction de début d’année, nous pouvons nous engager dans l’avenir avec confiance et sérénité. Nous pouvons continuer à vivre le plus pleinement possible, à tirer le meilleur parti du temps qui nous est offert, faire confiance au lendemain et recommencer avec un cœur neuf là où nous avons peut-être échoué dans le passé.

Le premier jour de l’an, c’est le temps des nouveaux départs. C’est le temps de l’espérance.

« 

Que le Seigneur te bénisse et te garde !

Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi !

Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix !  ».

Que cette bénédiction, vieille de 3000 ans, nous accompagne tout au long de la nouvelle année. Bonne, heureuse et sainte année à chacun et à chacune d’entre nous.
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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens