« Amen » ou « Ainsi-soit-il »  : Que dire ?

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Écriture de Amen

Les prières personnelles ou liturgiques sont souvent ponctuées par l’expression « Amen ». Il y a quelques dizaines d’années on disait plus volontiers « Ainsi soit-il ».

Un adage affirme que « traduire, c’est trahir »  … essayons de voir ce qu’il en est et ce qu’il est préférable d’employer ?

« Amen » ou « Ainsi soit-il »  ?

Historiquement, « Ainsi soit-il !  » est la transposition française de la traduction de l’hébreu « amanah » au grec. Mais, dans le langage courant, cette expression exprime plus le souhait qu’une réelle affirmation de foi. Ce souhait peut se traduire par « Qu’il soit ainsi… » ou pour reprendre les mots de la Vierge Marie : « Qu’il m’advienne selon ta parole ». Cette expression est belle, mais il faut constater que la signification n’est pas tout à fait la même que celle de « Amen »  ; elle n’a pas la même force, pas la même vigueur !

« Ainsi soit-il », parce que cette expression exprime le vœu ou le souhait, est donc une traduction imparfaite, trop faible car optative.

Il est donc préférable de dire « Amen ». C’est une expression forte qui plonge ses racines dans la grande Tradition de l’Église. Avec les croyants des siècles passés, redisons avec confiance ce petit mot, chargé d’histoire et de foi !

Que signifie effectivement « Amen »  ?

« Amen » est un mot hébreu. Nous en employons d’autres dans la liturgie catholique : « Hosanna », « Alleluia » … Ces expressions nous plongent dans l’Ancien Testament, dans la Première alliance. Ils nous rappellent que notre liturgie catholique a ses racines dans la Tradition juive.

Le mot « Amen » est un mot bien difficile à traduire. C’est pourquoi nous avons désormais renoncé à le traduire et nous l’employons désormais tel qu’il est.

« Amanah » qui a donné Amen, est un adjectif verbal qui, employé dans la Torah, signifie « sincère et vrai ». La racine de « Amen » est à l’origine des mots « foi » (emouna en hébreu), « confiance » (amana) et de l’adverbe « assurément » (amna).

« Amen » est employé dans la Bible après une prière, un ordre ou une bénédiction pour marquer son accord (cf. Nb 5,22, les malédictions de Dt 27,15-26, 1 R 1,36… mais aussi dans les Psaumes, en conclusion du livre de Tobie, de 3e et 4e Macchabées…).

Il est parfois aussi employé comme nom comme dans Is 65,16 אלֹהֵי אָמֵן (ēlohê āmēn) souvent traduit par « Dieu de vérité ».

« Amen » est un mot que Jésus emploie fréquemment au début de ces enseignements : « Amen, amen, je vous le dis ». La répétition du mot donne une autorité, une force nouvelle à la parole du Christ même si certaines traductions de l’Évangile ont préféré remplacer le « Amen, Amen » prononcé par Jésus par « En vérité, en vérité… », l’idée est bien là.

« Amen » à la lumière du Nouveau Testament

Dans le Nouveau Testament vous avez peut-être remarqué un grand nombre d’emplois du mot « Amen » (on peut citer notamment Rm 1,25 ; Rm 9,5 ; Rm 11,36 ; Rm 16,26 ; Ga 1,5 ; Ep 3,21 ; Ph 4,20 ; 1Tim 1,17 ; 1Tim 6,16 ; 2Tim 4,18 ; He 13,21 ; 1P 4,11 ; 1P 5,11 ; 2P 3,18 ; Ju 25 ; Ap 1,6 ; Ap 7,12)  ; le mot « Amen » est utilisé pour insister et conclure ce qui vient d’être dit, principalement des doxologies.

Toutefois, à côté de ces emplois assez similaires entre eux, il faut souligner deux emplois plus spécifiques du mot « Amen ».

Saint Paul utilise le terme « Amen » dans la deuxième épître aux Corinthiens, de manière quasi liturgique : « Toutes les promesses de Dieu ont en effet leur oui en lui [Jésus-Christ]. Aussi bien est-ce par lui que nous disons l’« Amen » à Dieu pour sa gloire </>» (2 Co 1, 20)  : c’est donc par le Christ, notre Seigneur et notre Sauveur, celui qui nous rend capables de la prière que nous formulons, que nous disons « Amen ».

Saint Jean, dans l’Apocalypse, va plus loin encore avec le sens de cet « Amen ». Il appelle en effet le Christ lui-même « l’Amen, le Témoin fidèle et vrai, le Principe de la création de Dieu » (Ap 3, 14). Le Christ est pour l’évangéliste saint Jean l’Amen de Dieu parce qu’il est celui en qui la volonté de Dieu s’accomplit, celui sur lequel se construit le nouvel ordre des siècles initié par l’Apocalypse.

Enfin soulignons, pour conclure, que le mot « Amen » est le dernier mot de nos bibles ; il est même employé deux fois dans les deux derniers versets de l’Apocalypse : « Oui, mon retour est proche ! » Amen, viens Seigneur Jésus ! Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec tous ! Amen » (Ap 22, 20-21)

Quand le chrétien dit « Amen ! »

Lorsque nous disons « Amen ! », nous adhérons de tout notre être à ce qui vient d’être proclamé. « Amen » est en effet un cri de foi, un cri de victoire qui vibre sur terre et trouve un écho dans le ciel où les anges et les saints s’unissent à la prière de la terre. Il est notre « oui » sans cesse actualisé, un jalon quotidien dans notre marche vers Dieu.

Peu à peu, façonnée par les « Amen » qui ponctuent la prière, la vie du chrétien devient « liturgie », c’est-à-dire une agréable offrande à Dieu, qu’il est appelé à célébrer de tout son être.

« Amen » ne doit pas se dire pas à voix basse et par habitude… Il s’énonce clairement : « Oui, c’est vrai, j’y crois de tout mon cœur ! ». Dire « Amen » c’est dire en quelque sorte « C’est ainsi ! », « Ainsi est-ce », « Ça, c’est vrai et j’y adhère ». En disant « Amen », je signe un vrai contrat d’adhésion avec ce qui vient d’être dit, avec la prière qui a été prononcée.

À la fin de la prière eucharistique « Par Lui, avec Lui et en Lui, à toi Dieu le Père tout-puissant, tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles », « Amen » vient sceller ce moment solennel où le Christ s’offre en sacrifice sur l’autel.

Au moment de la communion, quand nous recevons le Corps du Christ, nous redisons avec confiance ce petit mot qui exprime notre foi en Notre-Seigneur Jésus Christ présent dans l’hostie. « Amen »  : oui, sous l’espèce de ce petit morceau de pain qui m’est présenté c’est le Grand Dieu, Notre Seigneur qui se cache et vient me visiter.

En quand le prêtre nous bénit (littéralement nous dit du bien), que le « Amen » prenne en nous toute sa signification !

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Frère Hervé

Je suis un religieux ermite, consacré dans cette forme de vie par mon évêque. Je réside en France et suis passionné par la recherche de la Vérité dans l’Écriture sainte, dans la philosophie et la théologie.

Cet article a 3 commentaires

  1. Yao

    Bonjour mon père, merci beaucoup; vous m’avez édifié ce matin par cet enseignement.

  2. Mado

    Amen

    1. Dao Youssoufou

      Infiniment merci!!
      Je suis éclairé.

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