Imitons Abraham pour devenir héritiers de la terre

Bréviaire

Combien n’est-il pas frappant que, du butin provenant de la victoire, Abraham ne voulut toucher ni prendre rien de ce qu’on lui offrait ? Le fruit du triomphe diminue, en effet, dès qu’on reçoit la récompense et la grâce du bienfait. C’est pourquoi, n’ayant pas demandé à l’homme sa récompense, c’est de Dieu qu’Abraham la reçut, ainsi que nous le lisons : Après ces paroles, Dieu fit entendre en vision sa parole à Abraham en disant : « Ne crains pas, Abraham, je te protégerai ; très grande sera ta récompense. » Considérons aussi quelle récompense Abraham sollicite du Seigneur : ce ne sont pas les richesses qu’il réclame, comme un avare ; ce n’est pas la longévité, comme s’il craignait la mort ; ce n’est pas la puissance, mais un digne héritier de son labeur.

Ce ne sera pas, est-il dit, un esclave qui sera ton héritier, mais celui qui sortira de tes entrailles, voilà quel il sera. Par Isaac, fils légitime, nous pouvons entendre ce vrai fils légitime qu’est le Seigneur Jésus qui, lisons-nous au début de l’évangile selon saint Matthieu, est appelé fils d’Abraham, qui se donne comme son héritier légitime, illustrant la succession de son auteur, par qui Abraham put regarder le ciel et avoir connaissance d’une splendide postérité non moins éclatante que la clarté des étoiles.

Comment la race d’Abraham se répandit-elle, sinon par l’héritage de la foi, grâce à laquelle nous sommes établis dans le ciel, rendus semblables aux anges, égaux aux étoiles ? Aussi est-il écrit : Ainsi sera ta race. Et Abraham eut confiance en Dieu, ajoute le texte. Que crut-il ? Que le Christ, en prenant un corps, se ferait son héritier. Pour que nous sachions que c’est bien cela que crut Abraham, le Seigneur nous dit : Abraham a vu mon jour et s’en est réjoui. Aussi cela lui a-t-il été imputé à justice, en ce sens qu’il ne chercha pas à raisonner, mais crut en toute promptitude. Il est bon que la foi prévienne la raison afin que nous n’ayons pas l’air d’exiger nos preuves comme venant de l’homme, mais du Seigneur notre Dieu. Combien n’est-il pas indigne, en effet, de se fier à des témoignages humains concernant autrui et de ne pas croire aux oracles de Dieu le concernant ? Imitons donc Abraham afin que, par la justice de la foi qui l’a rendu, lui, héritier du monde, nous devenions, nous, héritiers de la terre.

Traité de saint Ambroise sur Abraham
Nn. 17-21: CSEL 32, 514-517

Saint Ambroise de Milan, né en 339 et mort le 4 avril 397, est évêque de Milan de 374 à 397. Docteur de l’Église, il est l’un des quatre Pères de l’Église d’Occident. Écrivain et poète, il combat l’arianisme. C’est auprès de lui que saint Augustin se convertit au christianisme.

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Frère Hervé

Je suis un religieux ermite, consacré dans cette forme de vie par mon évêque. Je réside en France et suis passionné par la recherche de la Vérité dans l’Écriture sainte, dans la philosophie et la théologie.

Cette publication a un commentaire

  1. Mado

    Merci

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