« Allez annoncer à Jean ce que vous avez vu et entendu »
Nous continuons aujourd’hui notre route avec la deuxième figure marquante du temps de l’avent : Jean, le fils de Zacharie et d’Élisabeth. Depuis le cachot dans lequel l’a mis le roi Hérode, il envoie deux de ses disciples à Jésus. L’objet de leur mission se résume en une question : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? ». La répétition de la question dans l’évangile nous convie à nous y arrêter un moment avant de considérer en profondeur la réponse du Christ à son précurseur.
Cette question de Jean, nous le savons bien, procède d’une longue observation des évènements de la vie et surtout de la mission du Christ. On n’ignore pas que la mission de Jésus a commencé précisément au moment où s’arrêtait celle de Jean. En effet, c’est au moment où Jean a été emprisonné que Jésus commence à parcourir la Galilée pour annoncer la bonne nouvelle du salut.
Il y a pourtant un problème. Jean ne se retrouve pas totalement dans la mission de Jésus ou, pour être plus précis, Jean ne reconnaît pas le Messie pour lequel il a préparé les cœurs par un baptême de conversion et qu’il a eu l’homme d’indiquer comme l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. On se souvient encore de la prédication de feu de Jean. En synthèse, le Messie qui vient provoquera un grand renouvellement. Il extirpera le pécheur et exercera un jugement pour le moins sévère. En conséquence, il faut se ranger. Quelle n’est pas la surprise de Jean de constater que Jésus ne rentre nullement dans ces catégories ? Il envoie donc ses disciples pour lever tout doute au sujet de Jésus.
La réponse de Jésus ne s’est pas faite attendre. Au lieu de passer son temps dans un flot de discours, il répond par des signes concrets de l’avènement du messie. Il s’agit ici, ni plus ni moins, de la restauration de tout ce qui est abîmé en l’homme, tant au niveau spirituel (libération des esprits) et moral (enseignement de la bonne nouvelle) que corporel (guérison des boiteux, aveugles). Les messagers pourront rapporter les faits dont ils ont été témoins. En Jésus, se concentre tout ce qu’on attend du Messie.
Dans la première lecture comme dans l’évangile, Dieu veut vaincre le doute en l’homme : « Je suis le Seigneur », répète sans cesse Dieu dans la première lecture. Alors que le drame de l’exil peut semer le doute dans le cœur des fils d’Israël sur la capacité de Dieu a changé la donne, Dieu se prend à témoin sur l’irrévocabilité de sa parole. Il annoncé sa seigneurie et sa toute-puissance capable de faire les cieux nouveaux et la terre nouvelle, capable donc de faire revenir les déportés sur leur terre.
Le doute en Dieu survient dans le peuple d’Israël comme dans le cœur de Jean au moment où l’un et l’autre se trouvent en captivité. La parole du Seigneur et la réponse de Jésus induisent qu’au cœur des vicissitudes de la vie, il est facile de développer de fausses idées sur Dieu en formant un Dieu sur mesure. N’est-ce pas le moment, pendant ce temps de l’avent, de lâcher prise en purifiant l’idée que nous avons de Dieu. Dieu est fidèle, humble et il ne se dédit pas ?
