Qu’est-ce que l’immaculée conception ?

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Ambon

« Je te salue, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi »

La solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie ne peut manquer de nous poser quelques questions, peut-être périphériques, importantes néanmoins dans le contexte de la célébration de ce mystère. La première consiste à s’informer du contenu du dogme pour éviter les contre-sens et les méprises souvent fatals à la compréhension du dogme. La seconde nous invitera à plus d’attention sur la valeur des textes lus dans ce cadre festif. La dernière préoccupation sera de chercher le sens qu’une telle fête a quand on la médite dans le temps de l’avent. Les chantiers ainsi dégagés sont vastes, de sorte que les deux paragraphes de méditation ne sont pas le lieu approprié de leur évocation. Notre seul souhait est de motiver à la recherche pour s’enrichir personnellement.

Le dogme de l’Immaculée Conception, définit le 08 décembre 1854, par le pape Pie IX dans la bulle « Ineffabilis Deus », vient au bout d’un long cheminement de toute l’Église sur le mystère de Marie. Il se formule ainsi

Nous déclarons, prononçons et définissons que la doctrine, qui tient que la bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception par une grâce et une faveur singulière du Dieu tout-puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel, est une doctrine révélée de Dieu, et qu’ainsi elle doit être crue fermement, et constamment par tous les fidèles.

Il suffira de lire plus attentivement ce texte pour découvrir que l’Immaculée Conception n’a rien à voir avec la conception virginale de la Vierge Marie en rapport à Jésus ou à Joseph, c’est-à-dire qu’elle n’est pas directement liée à la manière ni au fait même de la conception de Jésus. Il s’agit d’abord de la Conception de Marie elle-même, une conception toute mystérieuse qui fait de Marie une mise à part. En effet, tous les hommes naissent en héritant du péché originel. Marie en a été préservée par avance, comme nous en sommes délivrés, après la naissance, dans le baptême, par les mérites du mystère de la rédemption de son Fils, et en raison de sa maternité divine. Elle rappelle du coup nos premiers parents, Adam et Eve, créés aussi par Dieu sans le péché originel. Le péché originel se manifeste ici comme le fait de la désobéissance au commandement de Dieu. Dans cette logique, on peut déduire qu’en Marie, Dieu commence une nouvelle création.

Les textes de ce jour ne manquent pas de nous introduire plus à fond dans ce mystère. Marie y apparaît comme une femme, l’« autre Eve », complètement opposée à la séduction du serpent des origines, c’est-à-dire le démon. Elle est complètement obéissante à Dieu ; elle sera la source d’une descendance capable de vaincre définitivement le mal : Jésus-Christ et toute l’Eglise, en totale soumission à la volonté de Dieu. Du coup, l’avènement de Marie conçue immaculée ouvre, pour nous les hommes, l’aurore du salut attendu depuis que le péché est entré comme par effraction dans l’existence humaine.

La deuxième lecture de ce jour, selon cette compréhension, est en pleine correspondance avec la 1ère lecture. Saint Paul, sans le dire expressément, nous enseigne que la fin de l’histoire du se trouvait déjà anticipée dans le début. Une attention particulière aux expressions “dès avant la création” et “destinés d’avance” en Jésus nous en dit long. Le salut de l’homme par Dieu est donc antérieur au péché de nos premiers parents, et rien, absolument rien, même pas le péché, n’empêche Dieu de réaliser son dessein de salut de l’homme.

Le dialogue de l’ange et de Marie dans l’évangile achève de nous introduire dans le mystère que nous célébrons aujourd’hui : Marie y est saluée par l’Ange comme la « pleine de grâce ». En effet, l’Immaculée Conception ne signifie pas seulement que Marie soit préservée du péché, elle signifie positivement qu’elle est pleine de grâces, c’est-à-dire qu’en elle se trouve la plénitude de la grâce de Dieu, de sorte que Marie a passé toute sa vie, en vivant de cette grâce, sans le moindre péché. La réponse de Marie au message de l’ange nous fournit plus d’explication. Si Marie est restée la pleine de grâce, c’est parce qu’elle est restée toute sa vie durant la servante du Seigneur : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole ». C’est dire que Marie obéissait en tout, contrairement à la première Eve, à la parole de Dieu.

Voilà à très grands traits quelques aspects du mystère que nous célébrons en plein cœur du temps de l’Avent. La conception immaculée de Marie active en nous non seulement la joie et le désir de la venue du Christ, mais surtout l’urgence de préparer une vie à même d’accueillir le Verbe de Dieu, ou si voulez la nécessité d’extirper de notre vie les foyers de péché. En être convaincu est un commencement ; en prendre les moyens, c’est se mettre en route.

La route pour devenir immaculé est celle de l’obéissance sans condition à la parole de Dieu, c’est la route du service de la Parole. Cette solennité est donc une invitation, à honorer Marie, tant par nos louanges que par l’imitation de sa vie. Que le passage évangélique s’achève sur la disponibilité totale de Marie à la volonté de Dieu n’est pas de l’ordre de l’anodin : « Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole ».

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Abbé Jean Oussou-Kicho

Je suis prêtre de l’archidiocèse de Cotonou (Bénin), ordonné en 2008, licencié en théologie morale. Directeur de complexe scolaire, je suis investi dans la pastorale des réseaux sociaux, devenus un nouveau terrain propice pour l’évangélisation et l’éducation des chrétiens