Homme nouveau pour un cantique nouveau

Bréviaire

Chantez au Seigneur un cantique nouveau ! Dépouillez le vieil homme, vous connaissez le cantique nouveau. Homme nouveau, Testament nouveau, cantique nouveau. Le cantique nouveau ne concerne pas le vieil homme. On ne l’apprend que si on est un homme nouveau, renouvelé par la grâce, ayant quitté sa vieillesse et appartenant désormais au Testament nouveau, qui est le royaume des cieux ; vers lequel notre cœur soupire, au chant du cantique nouveau. Mais ce cantique nouveau, ce n’est pas par la langue, c’est par la vie qu’il se chante.

Chantez au Seigneur un cantique nouveau, de tout votre art chantez-lui ce cantique. Et chacun se demande comment chanter pour Dieu. Chante en son honneur, mais chante bien. Dieu n’aime pas qu’on lui blesse les oreilles, chante bien, mon frère. Suppose devant toi un excellent musicien ; on te dit : « Chante pour lui plaire » ; et toi, n’ayant aucune notion de l’art musical, tu trembles de chanter, craignant de déplaire à cet artiste, car les moindres fautes, inaperçues d’un ignorant, seront relevées par ce maître. Qui donc oserait s’offrir à bien chanter devant Dieu, lui qui saura de la sorte apprécier le chanteur et tout observer, sans qu’aucune fausse note ne lui échappe ? Qui pourra réaliser des conditions si parfaites d’exécution qu’aucun détail n’offensera des oreilles si exigeantes ? Voici que le psaume t’indique pour ainsi dire la manière de chanter : ne te mets pas en peine des mots, comme si par eux tu pouvais expliquer comment Dieu se laisse charmer.

Chante en jubilant. Chanter pour Dieu de tout son art, c’est chanter en jubilant. Qu’est-ce que chanter en jubilant ? Comprends que les mots ne peuvent traduire le chant, quand c’est le cœur qui chante. Il y a jubilation quand le cœur laisse échapper ce que la bouche ne peut dire. Et qui donc peut être objet de jubilation mieux que le Dieu ineffable ? L’être ineffable est celui qui ne peut être dit ; si donc tu ne peux le dire et que tu ne dois pas le taire, que te reste-t-il sinon jubiler, en sorte que la joie du cœur éclate sans le secours des paroles et que l’immensité de l’allégresse déborde les étroites limites des mots ? De tout votre art chantez pour le Seigneur en jubilant.

Sermon de saint Augustin
(En. 2 in ps. 32, 8: CCL 38, 253-254)

Saint Augustin, né le 13 novembre 354 à Thagaste (l’actuelle Souk Ahras, Algérie) et mort le 28 août 430 à Hippone (l’actuelle Annaba, Algérie), est un philosophe et théologien chrétien romain. Avec Ambroise de Milan, Jérôme de Stridon et Grégoire le Grand, il est l’un des quatre Pères de l’Église occidentale et l’un des trente-six docteurs de l’Église.

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Frère Hervé

Je suis un religieux ermite, consacré dans cette forme de vie par mon évêque. Je réside en France et suis passionné par la recherche de la Vérité dans l’Écriture sainte, dans la philosophie et la théologie.

Cette publication a un commentaire

  1. Mathieu GNANWE

    Chantez au Seigneur un cantique nouveau !
    De tout votre art, chantez-lui ce cantique !

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