Le jugement particulier et le jugement dernier

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Le Christ viendra à la fin pour juger les vivants et les morts. Mais déjà, il juge chacun à sa mort. A la fin, le jugement dernier fera la vérité sur chacun devant tous.

Le thème d’un jugement final est présent dans plusieurs religions telles que le judaïsme, le christianisme, l’islam ou le zoroastrisme. L’idée est qu’à la fin des temps, l’homme doit rendre compte de ses actions bonnes ou mauvaises devant son créateur. Selon la façon dont il a conduit sa vie, il serait récompensé ou châtié. Dans cet article, nous voulons expliquer trois points au sujet du jugement : À qui appartient le jugement ? Ensuite que comprendre par jugement particulier et jugement dernier ? Quelles sont les tendances qui s’opposent à l’enseignement catholique sur les fins dernières ? Quelle est la nécessité d’un jugement dernier s’il y a un jugement particulier ?

Le Juge, c’est le Christ

Dieu qui est l’auteur de la loi morale. Le souverain de l’univers jugera tous les hommes, mais c’est la personne de Dieu le Fils qui sera le juge. Le Père lui a donné de juger, car il est fils de l’homme. Dans la foi chrétienne, le Christ est le juge des hommes. Comme nous le confessons dans le Symbole des Apôtres et celui de Nicée-Constantinople : « Il viendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts et son règne n’aura pas de fin ».

Jn 5, 22-23 : « Car le Père ne juge personne : il a donné au Fils tout pouvoir pour juger, afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père ».

Jn 5,26-27 : « Comme le Père, en effet, a la vie en lui-même, ainsi a-t-il donné au Fils d’avoir, lui aussi, la vie en lui-même ; et il lui a donné pouvoir d’exercer le jugement, parce qu’il est le Fils de l’homme ».

Jésus, en effet n’est pas un Dieu assis sur son trône, loin des expériences des hommes. Il est celui qui a partagé la condition humaine, celui qui s’identifie dans le malade, l’indigent ou le prisonnier (Mt 25, 34-46). Jésus acquiert le droit de juger l’univers parce qu’il est le Sauveur du monde. Pourtant, Jésus dit assez souvent qu’il n’est pas venu pour juger, mais pour sauver. C’est vrai que le ministère de Jésus sur la terre est un ministère de salut. Quiconque rejette ce salut se juge lui-même. Et c’est ainsi que le Christ exerce son jugement.

Le jugement de Dieu

La foi chrétienne enseigne le jugement final (appelé jugement dernier) au second avènement du Christ. Le Nouveau Testament parle du jugement principalement dans cette optique. Cependant, le jugement particulier, c’est-à-dire la rétribution immédiate après la mort, est aussi une affirmation de la foi chrétienne. Quelques textes bibliques nous aident à mieux comprendre :

Lc 16, 22 : « Le pauvre mourut, et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham. Le riche mourut aussi, et on l’enterra ».

He 9, 27 : « Le sort des hommes est de mourir une seule fois et puis d’être jugés »

Le Catéchisme de l’Église Catholique enseigne que « Chaque homme reçoit dans son âme immortelle sa rétribution éternelle dès sa mort en un jugement particulier qui réfère sa vie au Christ » CEC, 1022)

Il suffit de considérer le sort du Larron qui implore la miséricorde du Christ et qui a reçu cette réponse salutaire du Christ : « Amen, je te le dis, aujourd’hui même, tu seras avec moi dans le paradis » (Lc 23, 43) pour s’en convaincre.

Ce jugement particulier est tel que chaque âme a une destinée définitive selon qu’elle aura accepté et vécu ou non de la grâce de salut du Christ. Dieu a en effet créé l’âme humaine immortelle. Celle-ci ne cesse donc pas d’exister avec la mort physique (Ap 6,9). Celui qui meurt dans l’amitié de Dieu vit avec le Christ dans le « ciel » ( cf. Jn 14,3 ; Ph 1,23).

Le jugement dernier sera précédé par la résurrection des morts, bons comme mauvais. Au jugement dernier, toute chose sera mise à nu, la vérité sur tout œuvre humaine dévoilée, la vérité sur la relation de chaque homme à Dieu sera établi. Le Christ jugera « publiquement » tout homme, corps et âme, le juste s’en ira à la vie éternelle, régnant à jamais avec le Christ et le méchant à la damnation éternelle (CEC, 1038-1038.1042-1046 ; Jean 5,28-29 ; Lc 2,49, Mt 25,31.32.46).

Les erreurs sur le jugement particuler et dernier

Contre l’affirmation de la foi chrétienne au jugement particulier après la mort de chaque personne, se trouve l’hérésie du sommeil des âmes, défendue par les adventistes. Ces derniers nient le jugement particulier. Ils prétendent qu’il n’y aura de jugement qu’à la fin de temps. Une hérésie proche, soutenu par les témoins de Jéhovah (dont le fondateur fut influencé par les adventistes) est la négation de l’existence de l’âme ou de son immatérialité. Pour eux, à la mort, l’homme cesse littéralement d’exister.

Contre l’affirmation de la foi chrétienne au jugement final, s’opposent quelques courants comme l’annihilationnisme, l’universalisme ainsi que certaines doctrines dérivées du gnosticisme. L’annihilationnisme prétend qu’il n’y aurait pas d’enfer éternel, mais que les méchants seront simplement détruits ou annihilés. Il est trouvé chez certains baptistes, chez les adventistes et les témoins de Jéhovah. L’universalisme prétend que chaque être humain sera sauvé peu importe sa conduite. Quant aux doctrines inspirés du gnosticisme, elles tendent à concevoir l’existence éternelle de l’homme comme une existence purement spirituelle sans résurrection des corps.

Pourquoi un jugement dernier après le particulier ?

Voici la question à laquelle nous voulons fournir une réponse : si le jugement dernier ne fait que confirmer le jugement particulier, pourquoi alors deux jugements ?

Il est certes difficile de donner une réponse exhaustive. La plus simple des réponses est que Dieu l’a révélé ainsi. Cependant, les opinions des théologiens donnent plus d’éclairages. L’âme humaine est immortelle, elle continue donc d’exister à la mort du corps. Selon l’état de son amitié avec Dieu, elle sera donc soit en communion avec Dieu (ciel), soit coupée de la communion (enfer). Elle ne vit pas dans un état « suspendu » ni dans une sorte de coma.

Le corps n’est pas une simple « enveloppe » du « vrai homme », l’âme. L’être humain est corps et âme. Pour reprendre une expression du théologien Scot Hahn, nous sommes des corps spiritualisés ou des esprits corporalisés. En clair, ça signifie que je pèche, ce n’est pas seulement mon âme qui pèche, mais aussi mon corps. Que je me mortifie par le jeûne par exemple, ce n’est pas seulement mon corps qui se mortifie, mais aussi mon âme. L’homme est un. Lors du jugement dernier, l’homme en entier, corps et âme, récolte les fruits de ses œuvres, la vie éternelle et la gloire ou la damnation et la honte. Le corps partage le sort de l’âme. Il participe avec elle à la gloire ou à la déchéance. L’homme tout entier vit dans la justice ou le péché, il est donc normal que l’homme tout entier soit récompensé ou châtié.

Rien de caché ne le restera (Luc 12,2). Nos actes n’influencent pas seulement nous-mêmes, mais aussi les gens autour de nous. Nous gagnons des admirateurs, des disciples ou des opposants farouches. Et tout cela avec la possibilité que les gens nous jugent mal. Un homme pécheur peut se faire des disciples qui vont pérenniser son œuvre et son idéologie, même des siècles après sa mort. Tout comme un homme juste peut être trouvé injustement condamné par la mémoire collective alors qu’un criminel peut se retrouver honoré. Il est donc normal qu’en plus de juger chacun individuellement que Dieu établisse aussi, aux yeux de tous, la vérité sur chaque homme. Chacun sera ainsi vu tel qu’il est réellement sans les exagérations de ses admirateurs ni les mensonges de ses adversaires.

Le temps que nous avons à passer sur la terre n’est pas un non-sens. C’est le temps de préparer notre rencontre avec Dieu. Au soir de notre vie, nous serons jugés. À la consommation du monde, le Christ fera connaître chaque homme devant tous les autres. Chacun sera définitivement fixé dans son sort. Ce sera le jugement final. Passons notre temps à semer en nous et autour de nous l’amour, c’est-à-dire Dieu.

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Jordy Théodore Wa Ngondo-Maria

Je suis un laïc engagé dans le « ministère des jeunes et évangélisation », actuellement membre du Renouveau charismatique de la communauté francophone de l’archidiocèse de Cape Town. Apologiste amateur, passionné des Saintes écritures, de la philosophie et de la théologie catholique, je m’engage à fond dans la protection des bébés (lutte contre l'avortement) au sein de l'université de Cape Town.

Cet article a 10 commentaires

  1. KPADONOU Aimé

    Très édifiant
    Merci à vous et que l’Esprit Saint vous éclair davantage.

  2. KINKPE MARTIAL

    Merci. Que l’Esprit de Dieu soit toujours votre guide

  3. Vignault

    Merci Jordy pour votre commentaire très intéressant. Je regrette juste que vous n ayez pas été plus clair sur ce à quoi sert notre vie ici-bas. Certes, elle nous sert à préparer notre rencontre avec Jésus; mais ne serait il pas nécessaire de préciser de façon plus explicite que si l on a pas choisi de suivre Jésus durant sa vie terrestre, il sera trop tard une fois la mort passée et la rencontre faite, pour choisir Dieu, si on l’a renié toute sa vie? Qu en pensez-vous? Merci pour votre réponse

  4. Jordy

    Merci de votre commentaire.
    L’article traitait plus du jugement et on essayait d’être court.
    Il est vrai que le jugement est lui-même lié à comment nous passons notre existence sur terre.
    Dans le fond, je suis d’accord avec vous, il n’y a pas de retour en arrière une fois la mort passée, celui qui refuse de suivre le Christ et qui rejette l’amitié et la grâce de Dieu tant qu’il vit ne peut que passer l’eternité séparé de lui.

  5. VIGNAULT

    Merci aussi à vous, Jordy, pour votre réponse!
    Bien fraternellement

  6. Sophie

    Merci mon Père. Nous chrétien Catholiques sommes très influencé par les témoin de Jéhovah, Baptiste et autres qui nous entourent dans nos familles. Merci pour cet éclairage.

  7. Moïse NOUNADONDE

    Vous êtes à remercier pour votre éclaircissement même si c’est pas d’une façon exhaustive.
    Ce n’est pas donné à quiconque de le faire.
    Que l’Esprit de Dieu vous aide d’avantage dans ce ministère
    Amen

  8. Anne-Marie

    Merci mon Père pour cet article éclairant.

    Devons’nous comprendre que le jugement établi au moment du jugement particulier (c’est-à-dire à la mort de l’individu, à la séparation de son âme et de son corps) sera le même que celui prononcé lors du jugement dernier (c’est-à-dire-au retour du Christ à la fin des temps, une fois le mal banni du monde)? Autrement dit, est-ce que le laps de temps entre les 2 jugements servira à certaines âmes pour se repentir sincèrement de leurs péchés, voire recevoir le Saint-Esprit (au travers du baptême) pour in fine (au temps du jugement dernier ou ultérieurement selon les efforts accomplis) accéder à la Vie Eternelle grâce à la miséricorde du Christ ?

    Devons-nous considérer le Purgatoire comme un temps de repentir et de “purge de nos péchés” qui n’aura lieu que post-jugement dernier ?
    Ce temps de repentir est-il aussi permis aux âmes qui se rendent en Enfer lors du jugement particulier/dernier ou le jugement est irrévocable?

    D’autre part, lors du jugement dernier, pouvons-nous considérer que l’ensemble des corps ressuscités (c’est-à-dire même ceux qui sont voués à la damnation) seront glorifiés avant d’accéder au jugement dernier?

    Merci d’avance pour vos réponses.

    1. Abbé Jean Oussou-Kicho

      Au terme de notre vie, le Seigneur jugera notre âme. Ce jugement nous conduit à trois états possibles : le paradis, l’enfer ou le purgatoire. Le paradis et l’enfer sont définitifs. Il n’y a plus aucune possibilité pour ceux qui sont dans un de ces deux états de le changer. Et même si leurs corps respectifs ressuscitait, ils subiraient simplement le jugement de leurs âmes. Après la mort, il n’y a plus de conversion, ni de repentir.

      Pour ceux qui seront au purgatoire, il s’agira d’une purification. Ce sont des âmes qui sont dans une condition transitoire, en tension vers le ciel. Ils ne se convertissent pas. Nos prières peuvent aider à leur purification mais elles-mêmes ne peuvent rien pour leur sort. Dans l’absolu, toutes les âmes au purgatoire iront au ciel.

  9. Anne-Marie SIRMIN

    Merci mon Père pour votre réponse complète et très claire.

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