Vie active et contemplative

Bréviaire

Les Vivants allaient et revenaient, à l’image de l’éclair qui jaillit. Puisqu’il avait été dit auparavant : Ils allaient sans revenir en arrière, pourquoi est-il dit maintenant : Ils allaient et revenaient ? Mais nous voyons vite comment comprendre, si nous prenons soin de bien distinguer les deux vies, l’active et la contemplative. Dans la vie active, une continuité résolue nous est possible ; dans la vie contemplative, nous sommes absolument incapables de maintenir la tension de notre âme. Quand nous laissons là notre torpeur et nous excitons à travailler avec ardeur pour le bien, où allons-nous, sinon vers la vie active ? Or, il ne doit pas être question de revenir en arrière, vers nous-mêmes, car celui qui, après s’être engagé vers cette vie active, revient à la torpeur de la négligence, aux coupables dérèglements qu’il avait abandonnés, ne sait pas, bien entendu, être un Vivant céleste.

Mais lorsque nous nous élevons de la vie active à la contemplative, du fait que notre esprit n’est pas capable de rester en contemplation longtemps, et que tout ce qu’il aperçoit de l’éternité, dans un miroir et de façon confuse, il le voit comme à la dérobée, comme en passant : repoussée par sa propre faiblesse loin de cet infini transcendant, l’âme retombe sur elle-même. Il est donc nécessaire qu’elle revienne à la vie active et emploie ses forces à poursuivre continuellement son travail pour le bien. Lorsque l’esprit n’a pas la force de s’élever pour contempler les réalités célestes, que l’âme ne refuse pas d’accomplir le bien qui est à sa portée.

Il arrive alors que, secourue précisément par ses bonnes actions, l’âme se lève à nouveau vers le monde d’en haut pour la contemplation et reçoit au pâturage de la vérité contemplée l’aliment de l’amour. Mais comme la faiblesse de la nature corrompue ne peut s’y maintenir longtemps, revenant à nouveau vers son travail pour le bien, elle se repaît au souvenir de la suavité de Dieu et se trouve sustentée au dehors par les activités de la charité, au dedans par les saints désirs.

Lib. 1, hom. 5, 12: SC 327, 184-186

Grégoire le Grand, encore appelé Grégoire 1er, est un pape de l’Église catholique. Ses écrits ont marqué et continuent de marquer la vie de l’Église. Né vers 540, il meurt en 604.

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Frère Hervé

Je suis un religieux ermite, consacré dans cette forme de vie par mon évêque. Je réside en France et suis passionné par la recherche de la Vérité dans l’Écriture sainte, dans la philosophie et la théologie.