Marie, la tige de Jessé

Bréviaire

On voit clairement, je pense, qui est la tige montant de la racine de Jessé, et qui est la fleur sur laquelle se repose l’Esprit Saint  : la Vierge Mère de Dieu, voilà la tige, et la fleur c’est son Fils. Oui, le fils de la Vierge est une fleur, une fleur blanche et vermeille, choisie entre mille. Il est la fleur que les anges désirent contempler, la fleur dont le parfum redonne vie aux morts  ; il est, à son propre témoignage, la fleur des champs et non celle du jardin. En effet, le champ se couvre de fleurs en dehors de tout concours humain. Il n’est ensemencé par personne, n’est pas défoncé par la houe, ni engraissé de fumier. C’est ainsi, c’est tout-à-fait comme cela que le sein de la Vierge a fleuri. C’est ainsi que les entrailles de Marie, ces entrailles inviolées, intègres et pures, ont produit, comme une prairie éternellement verdoyante, une fleur dont la beauté ne connaîtra pas le déclin et dont l’éclat ne se flétrira jamais.

Ô Vierge, tige glorieuse, à quelle sublime élévation ne dresses-tu pas ta cime sainte  ! Jusqu’à celui qui siège sur le trône, jusqu’au Seigneur de majesté. Il n’y a là, certes, rien de surprenant puisque tu enfonces en profondeur les racines de l’humilité. Ô rejeton vraiment céleste, précieux entre tous, plus saint que nul autre  ! Ô véritable arbre de vie, qui seul fus digne de porter le fruit du salut  ! Elle est découverte, ta ruse, serpent perfide  ; elle est mise complètement à nu, ta fourberie  ! Tu avais calomnié doublement ton Créateur en l’accusant de mensonge et de jalousie, mais sur chaque point te voilà convaincu d’imposture. Vois, c’est dès le début que meurt celui à qui tu avais dit  : Jamais tu ne mourras  ; mais la vérité du Seigneur demeure à jamais  ; Réponds, si tu peux, maintenant. Quel arbre, quel fruit d’arbre, Dieu a-t-il pu refuser jalousement à l’homme puisqu’il n’a pas hésité à lui donner même ce rameau de choix et ce fruit sublime  ? Vraiment, celui qui n’a pas épargné son propre Fils, comment n’a-t-il pas tout donné en même temps que lui  ?

Déjà vous l’avez remarqué, si je ne me trompe, la Vierge est ce chemin royal par lequel le Seigneur vient à nous. Il sort de son sein comme un époux de sa chambre nuptiale. Maintenant que nous tenons la route, appliquons-nous, frères très chers, à remonter nous aussi par elle jusqu’à celui qui, par elle, est descendu jusqu’à nous; à parvenir, par elle, en la grâce de celui qui, par elle, est descendu en notre misère.

Sermon de saint Bernard
Sermo 2 de Adventu, 4-5 : EC 4, 173-174

Bernard de Fontaine, abbé de Clairvaux, né en 1090 à Fontaine-lès-Dijon et mort le 20 août 1153 à l’abbaye de Clairvaux, est un moine bourguignon, réformateur de la vie religieuse catholique.

Directeur de conscience et important promoteur de l’ordre cistercien, il recherche l’amour du Christ par la mortification la plus dure. Il fait preuve, toute sa vie, d’une activité inlassable pour instruire ses moines, pour émouvoir et entraîner les foules, pour allier son ordre avec la papauté et pour élaborer un dogme militant que son ordre et toute l’Église catholique mettront en œuvre. C’est aussi un conservateur, qui fustige les mutations de son époque, la « Renaissance du 12e siècle », marquée par une profonde transformation de l’économie, de la société et du pouvoir politique.

Mort en 1153, il est canonisé dès 1174 et devient ainsi saint Bernard de Clairvaux. Il est proclamé Docteur de l’Église catholique (Doctor mellifluus) en 1830 par le pape Pie VIII.

Oraison

Dieu qui inspiras à ton prêtre saint Jean un extraordinaire amour de la croix et le renoncement total à lui-même, fais qu’en nous attachant à le suivre, nous parvenions à la contemplation éternelle de ta gloire.

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Frère Hervé

Je suis un religieux ermite, consacré dans cette forme de vie par mon évêque. Je réside en France et suis passionné par la recherche de la Vérité dans l’Écriture sainte, dans la philosophie et la théologie.